Forum du futur
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Forum du futur

Pour ne pas encombrer Aresto avec plein de rps alternatifs du futur parce qu'on est à peines obsédées par ce ship
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

 

 Papa don't preach [OS]

Aller en bas 
AuteurMessage
Marlene Barclay

Marlene Barclay


Messages : 23
Date d'inscription : 12/02/2015

Papa don't preach [OS] Empty
MessageSujet: Papa don't preach [OS]   Papa don't preach [OS] EmptyJeu 28 Mai - 3:12

13 Juillet

Un rayon de soleil se faufilait déjà à travers les rideaux beiges de Marlene et elle plissa les yeux en tournant le dos à la fenêtre. Elle aurait voulu se rendormir pour profiter de sa matinée mais le camp militaire de Penhale Sand résonnait déjà de l'agitation du matin, entre les camions qui passaient et les différents soldats qui se rendaient à leurs entraînements et obligations multiples, tandis que les cris des jeunes enfants résonnaient déjà dans les jardins alentours. Elle entendit la porte de la salle de bains grincer et poussa un soupir en remontant sa couette par dessus ses épaules, enfouissant le nez dans son oreiller de désespoir. Il s'écoula cinq longues minutes de plénitude où elle put commencer à se rendormir, plongée dans la tranquillité de ses draps, bercée par la somnolence... Avant que tout ne prenne fin brusquement lorsque son père frappa trois lourds coups contre le battant de sa porte.

- Il est huit heures, debout !

Marlene poussa un soupir à réveiller les morts et émergea de ses oreillers, dardant un regard colérique sur la porte fermée. Pour son militaire de père, le concept de grasse matinée pendant les vacances prenait la forme d'un réveil à huit heures plutôt qu'à six, ce qui constituait assurément un grand progrès en soi. Elle avait beau avoir l'habitude depuis des années, elle ne désespérait pas un jour d'arriver à faire des folies de son sommeil, comme dormir jusqu'à neuf heures. Voire même dix heures, si Dieu était avec elle ! Pas très bien réveillée, elle repoussa sa couette, glissa ses pieds dans ses chaussons et attrapa la brosse qui était soigneusement posée sur sa table de nuit pour mettre un peu d'ordre dans ses cheveux noirs épars. Une fois sa tâche accomplie, elle ouvrit ses rideaux, refit ses draps au carré - impossible de perdre cette habitude et son père ne supportait pas le désordre de toute manière - et ouvrit la porte de sa chambre, la semelle de ses chaussons frottant sur la moquette rugueuse.

La maison qu'occupaient les Barclay ne se distinguait en rien de la petite centaine d'autres maisons qui la bordait, toutes habitées par des militaires. Penhale était un petit complexe où ils vivaient depuis un an déjà - son père venait d'être renouvelé pour une année supplémentaire ici - à une vingtaine de kilomètres des fameuses côtes de Cornouailles. Leur maison un peu morne était à l'entrée du camp, pas très loin des check-point. Un petit jardinet dans lequel poussaient des plantes communes, un petit vestibule avec un escalier composé d'exactement vingt-sept marches, qui donnait lui même sur un couloir avec trois chambres et une salle de bain un peu vieillotte. Le rez-de-chaussée se partageait entre un salon, une cuisine et une petite salle à manger avec des vieux meubles en bois, son père n'ayant jamais fait le choix d'investir dans une décoration très recherchée. De multiples photos de famille ornaient les murs - ses grands-parents, l'académie militaire de son père, la jeunesse de sa mère, le mariage de ses parents, la naissance d'Albert puis la sienne, la vie en Allemagne, la naissance de Balthazar, Albert dans son uniforme de cadet, sa mère quelques semaines avant sa mort puis plus rien : le temps semblait s'être arrêté en même temps que Dorothy - et un bouquet de fleurs un peu fanées trônait sur le guéridon. Dans la cuisine, Balthazar semblait absorbé par la lecture du dos du paquet de céréales et salua sa sœur d'un vague mouvement de cuillère, envoyant par là quelques gouttes de lait sur le plastique du comptoir. Marlene essuya machinalement en étouffant un bâillement tandis qu'elle farfouillait dans le frigo pour en retirer le jus d'orange et le lait, finissant enfin par voler le paquet de céréales à son frère, arrachant alors un cri d'indignation à ce dernier.

- Tu pourrais attendre deux minutes !

Elle lui répondit par un regard équivoque tandis qu'elle se servait, le repas se continuant dans le silence. Leur père devait être parti courir et tandis que Marlene se mettait elle-même à lire le dos du paquet de céréales - il fallait aider Bilbo le perroquet à rejoindre la cage magique via le labyrinthe - Balthazar émigra vers la télévision et sa console de jeu où les bruits d'une simulation de guerre finirent par retentir dans toute la maison. Son été n'avait rien de glamour et de passionnant, rien qui puisse rivaliser avec les photos que ses anciennes copines moldues postaient sur internet. A vrai dire, Marlene ne leur avait pas parlé depuis des années - Poudlard oblige - mais sur les réseaux sociaux, même les contacts de maternelle pouvaient traîner fièrement dans nos listes d'amis virtuels. Elle passait parfois des heures entières à traîner ainsi sur la vie des autres, à défaut d'avoir quelque chose de bien à raconter dans la sienne. Ils ne partaient pas en vacances - son père n'avait jamais eu l'envie depuis la mort de sa mère - et elle avait passé tout le début de son été à la base militaire. Pour autant, elle ne restait pas inactive, elle avait un programme bien défini : elle allait à la piscine tous les jours, puis revenait pour faire le déjeuner - décrochant au passage Balt de la console pour l'envoyer jouer dehors (il emmenait alors sa console portable mais au moins, c'était dehors.) - et les tâches ménagères. Elle nettoyait tout, s'occupait du linge et des courses, puis s'installait dans le jardin pour bouquiner un peu - elle lisait tout ce qui lui tombait sous la main - et regarder plus moins discrètement le fils du lieutenant Shepperd qui vivait à coté, qui avait à peu près son âge si ce n'est un peu plus vieux et était assurément une jolie distraction, bien qu'elle détournât le regard à chaque fois qu'elle croisait ses yeux, rougissante - avant de finir par rentrer pour faire le dîner. Dans la soirée, elle traînait sur internet de manière assez peu constructive ou regardait un vieux film avec son père, toute blottie dans un plaid sur le canapé.

La seule exception à cette routine aurait lieu le lendemain : sa tante May, la sœur de son père, l'avait engagée pour deux semaines de travail dans sa boutique de lingerie à Manchester. Ce n'était pas quelque chose de passionnant - il s'agirait de faire l'inventaire - mais c'était toujours un peu de sous de côté et cela l'occuperait un peu. Elle tournait un peu en rond en Cornouailles et Manchester avait l'avantage certain d'être un peu plus animée. Loin du giron de son père, Marlene se voyait déjà sortir, rencontrer de nouvelles personnes et se faire de nouveaux amis, voire même un petit copain, pourquoi pas ? Tous les romans d'amour parlaient du fameux été des dix-sept ans, celui où tout se passait et elle voulait le vivre. Enfin, il y avait des choses qu'elle avait déjà vécu en ce début d'été mais... Comme à chaque fois que le souvenir de la soirée de fin d'année revenait à son esprit - c'est-à-dire presque tous les jours - Marlene était partagée entre une gêne incommensurable et un sentiment indescriptible. Elle avait honte pour plusieurs choses, d'abord parce qu'elle avait été ivre au point de passer la nuit avec James Carter - elle tenait encore bien debout, certes, mais l'alcool avait complètement éclipsé tous ses principes - ensuite parce qu'elle avait passé la nuit avec James Carter - James Carter ! - qu'elle n'appréciait pas pour un sou et aussi parce que sa première fois tant espérée s'était faite dans ces conditions.

Elle était une grande amatrice (et c'était un euphémisme) des romans à l'eau de rose et avait donc des vastes et jolies idées sur les circonstances parfaites de la première fois, au point qu'elle pouvait faire une liste sans même y réfléchir (et Rowena savait à quel point elle aimait les listes). D'abord, elle aurait voulu que ce soit avec son petit-ami. Et pas n'importe quel petit-ami, le petit-ami, celui dont elle serait amoureuse, qu'elle aimerait en retour - sentiments évidemment verbalisés quelques mois plus tôt (idéalement à la saint-Valentin mais elle n'était pas difficile) lors d'une soirée romantique - et qui aurait organisé pour eux une jolie soirée dans un joli endroit (les bougies étaient sûrement un plus mais encore une fois, elle n'était pas difficile). Cela aurait été un moment assurément très important dans leur relation et elle aurait pu tout raconter à ses amies (bon, il n'y avait pas foule au balcon pour le moment mais imaginons) et en aurait gardé un merveilleux souvenir pour le reste de sa vie.

Au lieu de ça... Et bien elle n'avait vraiment pas prévu que cela se passe ce soir-là, à vrai dire. Et pas du tout, du tout, du tout mais du tout avec ce garçon-là. Le problème étant que - et c'est là que venait le sentiment indescriptible - les choses s'étaient faites étonnamment de manière assez naturelle. A partir du moment où ils s'étaient embrassés - l'alcool faisait vraiment des miracles - et que les choses s'étaient accélérées sans que l'un d'entre eux ne puisse le préméditer, Marlene n'avait pas reculé, elle n'en n'avait même pas eu l'envie. Dans les faits, de la nuit en elle-même, elle gardait un souvenir assez agréable - toujours ce sentiment indescriptible - et si ce n'était assurément pas comme dans les livres, elle se rappelait encore des mains de James dans le bas de son dos, de ses doigts sur ses hanches, de son souffle dans son cou, de leur étreinte, de sa peau contre la sienne et de ses baisers. Elle avait vécu tous ses premiers contacts avec un garçon ce soir-là - du premier baiser à la première fois en passant par les premières caresses - et honnêtement, elle rougissait encore rien que d'y penser, mais cette fois-ci ce n'était pas de honte. Si le lendemain matin était assez cuisant dans son esprit - lumière du jour, taux d'alcoolémie retombé, réalisation de ce qui était arrivé - elle gardait de ce moment avec James un souvenir plutôt précieux - bien qu'elle ait du mal à l'avouer - et ces deux ressentis se battaient dans son esprit, entre rêvasseries à ce qui s'était passé et auto-flagellation quant à sa bêtise (plus jamais d'alcool). Ce n'était pas la première fois de ses rêves mais c'était arrivé et elle devait bien faire avec - elle était parvenue à ce constat après deux semaines où elle avait eu envie de se taper la tête contre les murs - puisque c'était ainsi. De toute manière, elle aurait pu en garder un souvenir bien pire, n'est-ce pas ? James avait été gentil avec elle, et tendre (oui, elle parlait de Carter en disant tendre, c'était de nouveau la partie où elle avait envie de se taper la tête contre les murs), et prévenant, et attentif et Marlene avait vraiment senti qu'il faisait attention à elle.

Ils avaient décidé d'un commun accord que cela resterait entre eux, le lendemain au petit matin, après s'être réveillés, et ils ne s'étaient pas recroisés vraiment depuis, si ce n'est un moment un peu gênant dans le train où elle l'avait aperçu accompagné de Grady McNeil et Daniel Adams et où elle s'était à moitié cachée derrière le chariot à confiseries, une scène absolument pathétique qu'elle voulait absolument occulter de sa mémoire (comme les nombreux moments honteux de son existence). Quoi qu'il en soit, James Carter et elle ne sortiraient pas ensemble et si Marlene avait eu quelques instants de questionnement - puis-je vraiment chercher un petit-copain alors que j'ai passé la nuit avec un garçon deux semaines avant ? - elle avait décidé de profiter quand même de son été de ses dix-sept ans. Carter et elle, c'était arrivé une seule fois, cela n'arriverait qu'une seule fois et à vrai dire, elle était certaine qu'il ne se prenait pas au temps la tête qu'elle pour savoir s'il pouvait rêvasser à d'autres filles (tout le monde pariait sur le fait que Diane et lui se mettraient ensemble avant la fin de l'été et elle ne ressentait presque pas de jalousie ou du moins, elle aimait à le penser) alors elle devrait faire la même chose, ou du moins essayer. Manchester lui semblait être un bon début pour trouver un charmant petit-copain d'été avant Poudlard, voire pendant Poudlard s'il acceptait les relations à distance (mais encore une fois, les romans lui avaient appris que le grand amour se souciait peu des kilomètres et que si son amoureux l'aimait vraiment, il supporterait patiemment une année loin d'elle pendant qu'elle était enfermée dans un vieux château magique écossais loin de tout moyen moderne et technologique de communication.)

- Tu as l'air bien pensive, ma grande.

La voix de son père la fit sursauter et Marlene se redressa brutalement, tirée de ses pensées. Elle eut un instant d'angoisse - comme si son père pouvait deviner ce qui agitait l'esprit de sa fille - et se reprit avec un sourire, désignant le paquet de céréales de la main.

- Je faisais le jeu.

Nicholas Barclay eut un rire, secoua la tête et ouvrit la porte du frigo pour boire quelque chose après son jogging tandis que Marlene glissait son bol désormais vide dans le lave-vaisselle. Il fallait vraiment qu'elle arrête de penser à cela (et par cela, elle entendait James Carter, leur nuit ensemble et la soirée de fin d'année) tout le temps, cela en devenait presque inquiétant. Elle ne savait pas pourquoi toutes ces histoires lui restaient autant en tête. Certes, c'était sa première fois et c'était important pour elle alors elle y pensait souvent mais... Il fallait bien qu'elle passe à autre chose, non ? Des histoires d'un soir, les personnages des films et des séries en avaient tout le temps et ils n'avaient pas l'air de passer trois semaines à se focaliser dessus. Puis à force de l'avoir en tête, elle avait l'impression que cela allait s'inscrire sur son front et que la moitié du monde serait au courant : qu'est-ce que ça serait lorsqu'elle retournerait à Poudlard ? Elle avait eu la chance de ne croiser personne en revenant à son dortoir - où les filles dormaient encore - le lendemain matin mais si elle continuait à être obsédée ainsi, Beth s'en rendrait forcément compte et lui ferait cracher le morceau, ce qui était absolument hors de question.

- Ta valise est prête ?
- Pas encore, je dois la terminer, j'ai une machine qui sèche.

Nicholas hocha la tête, les mains appuyées sur le dossier de la chaise où était assise sa fille quelques minutes auparavant.

- Je t'emmènerai au train, mais May ne pourra pas te récupérer, ça ira pour le bus et la valise ?

Marly fit oui de la tête - son père oubliait souvent qu'elle était une sorcière et avait même insisté pour lui payer le train malgré le fait qu'elle ait décroché le permis de transplanage quelques mois plus tôt - et songea que sa baguette lui serait bien utile en terre moldue. Elle avait eu dix-sept ans en octobre dernier et n'avait pas vraiment pris l'habitude d'utiliser la magie à la maison, même si elle en avait désormais le droit. Elle avait fait quelques tours à un Balthazar aussi circonspect que fasciné mais Nicholas était bien plus mal à l'aise au sujet de tout cela alors ils évitaient d'en parler, comme tout ce qui n'allait pas chez les Barclay, d'ailleurs. Une sorte de tradition familiale.

- Tu feras attention, n'est-ce pas ? Tu ne...
- Parlera pas aux inconnus, ne sortira pas seule le soir, je rentrerai directement chez papy et mamie après le travail et je t'appellerai tous les jours pour te faire un rapport, je sais.

Nicholas eut un sourire et rangea la chaise sous le comptoir.

- Je fais ça pour te protéger, tu sais.
- Je sais, répondit-elle avec un sourire aussi las que attendri.

Elle finit par remonter dans sa chambre quelques minutes plus tard pour terminer sa valise, une antiquité militaire qui semblait avoir fait la seconde guerre mondiale mais qui était plus que solide. Tandis qu'elle farfouillait dans la salle de bains pour finir sa trousse de toilette - elle avait une liste de trois pages de choses à emmener divisée en trois catégories pour ce séjour - ses yeux se posèrent sur un paquet de protections soigneusement rangé dans son tiroir sous l'évier et elle eut un drôle de coup au ventre. Ses règles aurait dû arriver aujourd'hui et à l'image de son environnement, le cycle de Marlene était aussi régulier qu'une organisation militaire : elle n'avait jamais de retard. Avant qu'elle n'ait pu s'en empêcher, une pensée insidieuse naquit dans son esprit. Carter et elle... Non, assurément que non. Ils avaient beau être ivres, ils étaient de responsables adolescents ivres et avaient évidemment utilisé de quoi se protéger. Elle en était sûre et certaine. Presque. Quasiment. C'était évident qu'ils étaient protégés, de toute manière, ils n'étaient pas idiots. Certes, elle n'avait rien prévu pour ce soir-là - elle n'aurait jamais pensé coucher avec un garçon à l'improviste - mais Carter avait plus d'expérience qu'elle dans ce domaine - il ne lui avait pas dit mais elle avait cru deviner à ses gestes plus assurés que les siens et puis bon, Kessy Brooks -  et avait sûrement prévu le coup, n'est-ce pas ? Elle avait beau fouiller dans sa mémoire, elle n'avait pas le moindre souvenir d'une partie "protection" avec James mais... La pensée de son corps contre le sien revenait bien plus que les détails pratiques ; c'était la mémoire sélective, assurément. En s'asseyant sur le rebord de la baignoire, les yeux fixés sur le tiroir, Marlene finit par soupirer. Non, elle n'allait pas se lancer dans cette angoisse là : son corps n'était pas une machine et avoir du retard, cela arrivait. Ses règles seraient sûrement là le lendemain ou le surlendemain au grand maximum, voire plus tard dans la journée. Il n'y avait pas à s'inquiéter pour rien.

25 Juillet

Perchée sur un escabeau, Marlene notait soigneusement les références des boites qui prenaient la poussière sur le haut des étagères de la réserve. Cela faisait dix jours qu'elle travaillait pour sa tante et la charge était assez conséquente : la saison des maillots de bain battait son plein et May avait recommandé plusieurs cartons. Idéalement située dans une rue commerçante du centre-ville, Marlene avait l'impression d'avoir toujours connu la boutique de sa tante, qu'elle bichonnait comme son propre enfant (peut-être à défaut d'en avoir, à moins qu'elle ne soit vraiment passionnée par la lingerie fine comme elle aimait l'affirmer) et cela faisait deux ans qu'elle travaillait ici l'été pour se faire un peu d'argent de poche. May avait toujours été très présente dans la vie de Nicholas et ses enfants, depuis le cancer de Dorothy où elle avait abandonné sa boutique - fait mémorable - pour s'occuper de ses neveux. Après la mort de la mère de Marlene, elle avait un peu remplacé cette dernière et s'était occupée - à la demande de son père, pas très à l'aise avec l'éducation des enfants et encore moins celle d'une fille - de tous les moments à la fois gênants et importants, comme le début de l'adolescence, la conversation sur les garçons et la contraception, ce genre de choses qui laissait des souvenirs assez gênants dans la tête des enfants et des parents. A chaque fois que Marlene venait à Manchester - et c'était assez souvent vu que la majeure partie de sa famille y vivait - elle passait voir sa tante et elles bavardaient pendant des heures, de tout et de rien même si ces derniers jours, elle avait été étonnamment silencieuse.

Concentrée sur son travail, Marlene finissait de cocher sa liste de produits quand un vertige la prit brusquement, l'obligeant à descendre de quelques marches, la vision un peu trouble. Assise sur l'escabeau, elle avait les jambes tremblantes et le cœur au bord des lèvres. Elle ferma les yeux pour dissiper le vertige, pile au moment où la porte de la réserve s'ouvrait sur sa tante qui venait de fermer la boutique pour la pause déjeuner. Surprise de la voir ainsi, May se mit à sa hauteur, passant une main fraîche sur le visage de sa nièce.

- Ça va ? T'es toute pâlotte !

Marlene secoua la tête et se força à sourire, chassant les remarques de May d'un geste de la main.

- C'est la chaleur, je suis debout depuis longtemps. C'est super étouffant ici en plus !

C'était vrai : la réserve était petite et obstruée et un puis de lumière recevait de plein fouet le soleil du midi. Elle passait son temps à déplacer des cartons et avait trop chaud malgré son short et son t-shirt léger.

- Tu devrais manger plus, asséna May en la regardant d'un air désapprobateur. Et voir un médecin pour tes vertiges, tu fais peut-être une carence en quelque chose. Et ne me parle pas de régime ! contra-t-elle en voyant Marlene ouvrir la bouche. Je ne sais pas où tu vois des kilos en trop, t'es toute fine. Et même si c'est le cas, t'es une très jolie jeune fille comme ça, alors arrête tes bêtises.

Pourtant, pour une fois, ce n'était pas ses régimes qui donnaient le vertige à Marlene. Cela faisait quelques jours que cela avait commencé et elle ressentait le besoin de s'assoir de plus en plus souvent, tenant de moins en moins debout. Elle était nauséeuse, avait les jambes qui tremblaient et reprendre le bus dans la cohue pour rentrer chez ses grands-parents où elle logeait était une vraie torture. Elle refusait pourtant de s'attarder sur ces signes, bien qu'elle sache qu'elle était en train d'aller droit dans le mur : ses règles n'étaient toujours pas arrivées et elle savait parfaitement que ce n'était pas normal. Elle avait beau essayer de se raccrocher à l'idée d'un retard banal, les nouveaux symptômes qui apparaissaient de jour en jour ne faisaient que la conforter dans son angoisse : et si elle était enceinte ? Parce qu'elle avait beau se convaincre de toutes ses forces que oui, James et elle avaient utilisé un moyen de contraception, qu'il soit moldu ou magique, elle n'en n'avait aucune preuve. Et plus les jours passaient, plus elle sentait qu'elle allait bientôt devoir faire face à la réalité et c'était... Terrifiant. Dans tous les films, dans ces cas-là, les filles appelaient leur meilleure amie en panique mais... Marlene n'avait pas de meilleure amie. Elle ne pouvait pas en parler à sa tante, elle n'oserait jamais, et quant à son père... Même pas en rêve. C'était trop gênant de parler de ça avec sa grand-mère - qui irait tout raconter à son grand-père, assurément - et elle ne pouvait pas tout de même tenter de joindre Carter... Pour lui dire quoi ? "Hey, salut, tu te rappelles la soirée de fin d'année ? Oui, bonne musique, en effet. Au fait, j'ai peur d'être enceinte, on en parle autour d'un bouquin de botanique ?" Non, c'était ridicule.

- Tu devrais filer, reprit May, je ne vais pas te garder plus longtemps dans cet état. Tu finiras demain cette étagère.
- Oh non, s'empressa de réagir Marlene, je peux travailler, ça va, je vais juste manger un sandwich et ça ira mieux !
- Mais non, sors. Appelle ta cousine Molly tiens, elle sera contente, puis sortez un peu toutes les deux, entre filles ! T'as le droit de profiter un peu de tes vacances aussi.

Marlene eut un maigre sourire, remercia sa tante et saisit son sac avant de sortir de l'arrière-boutique pour rejoindre la rue passante. Le soleil tapait et elle farfouilla dans son sac à la recherche des ses lunettes de soleil avant de nouer ses cheveux en une queue de cheval haute. Profiter de ses vacances... C'était facile à dire. Elle tira son vieux téléphone portable - cadeau de son père (qui avait cru un moment qu'elle lui mentait en disant que les objets électroniques ne fonctionnaient pas à Poudlard, comme si elle cherchait à lui échapper) de sa poche et envoya un SMS à sa cousine Molly pour lui demander ce qu'elle faisait de son après-midi. Si les Barclay étaient originaires de Manchester - son père y avait grandi avant de s'engager dans l'armée et son grand-père y coulait une retraite heureuse de la marine royale -, sa famille maternelle y vivait aussi en partie. Ses grands-parents maternels étaient nés en Écosse et y avaient grandi mais étaient venus s'installer en Angleterre à la naissance de leur troisième fille, Alexandra, la petite sœur de sa mère. Ses parents s'étaient rencontrés dans cette ville et si Marlene n'y avait jamais vécu, elle s'y sentait particulièrement attachée. Molly finit par lui répondre qu'elle était complètement libre (avec plein de i) et qu'elle n'avait qu'à passer à la maison, voire même rester dormir.

Elle n'avait peut-être pas de meilleure amie mais elle avait des cousines - bien qu'elle en soit l'ainée - et Molly pouvait être un assez bon soutien du haut de ses seize ans. Ses autres cousines - Sabrina et Cora - étaient plus jeunes et elle n'était pas particulièrement proche de ses cousins mais plus elle y pensait, plus Molly s'imposait comme une bonne confidente. De toute manière, il allait bien falloir qu'elle en parle à quelqu'un, elle allait devenir folle à force de tout garder pour elle. Assurant qu'elle était disponible pour ce soir et qu'il fallait juste qu'elle passe chercher des affaires (smiley valise), Marlene s'engagea dans un bus en sortant ses écouteurs, le regard fixé sur la route qui défilait. Si elle était enceinte... Elle ne savait pas ce qu'elle allait faire. Du tout. Son père allait la tuer. Littéralement. Et puis il faudrait le dire à tout le monde et elle n'osait pas imaginer annoncer ça à sa famille. Et Poudlard... Non, Merlin, elle ne pouvait pas être enceinte à l'école, tout le monde allait le savoir et tout le monde allait en parler. Elle serait la cible de tous les ragots de l'établissement, tout le monde irait de son petit commentaire et... Elle ne pouvait pas être enceinte à dix-sept ans. Elle ne pouvait pas avoir d'enfant à dix-sept ans, cela n'arrivait que dans les films ou les télés-réalités américaines sur le câble. En plus, elle avait les ASPICS l'année prochaine, c'était sa dernière année à l'école. Quant à Carter... Elle ne pouvait pas avoir de bébé avec James Carter, hein ? Ils ne se supportaient pas. Ils n'étaient pas ensemble. Ils ne se connaissaient même pas, dans le fond. Rien que de s'imaginer avec un bébé lui donnait le vertige, alors un bébé avec James Carter ! Non, elle n'était pas enceinte, décida-t-elle tandis que les Beatles résonnaient dans ses écouteurs. Elle n'était pas enceinte. Elle n'était pas enceinte, tout simplement parce que Marlene n'était pas le genre de fille qui tombait enceinte à dix-sept ans d'un garçon qu'elle n'aimait même pas. Si ses règles avaient du retard, c'était parce qu'elle angoissait, c'était un cercle vicieux. Elle n'était pas enceinte, se répétait-elle alors que le bus arrivait à son arrêt. Pas enceinte.

26 Juillet

Marlene s'était enfermée dans la salle de bains de l'appartement de Molly et sa famille. Elle avait passé la soirée chez sa cousine et elle avait fini par tout lui avouer, au cœur de la nuit, alors que leur discussion était passée sur leurs expériences avec les garçons. Toute l'après-midi, elle avait hésité entre le silence et la vérité, comme si prononcer les mots allaient rendre les choses plus tangibles. C'était venu assez facilement, finalement. Molly lui avait demandé si elle était déjà sortie avec quelqu'un, Marlene avait parlé de la nuit avec James et... "Il faut que je fasse un test de grossesse." Sa cousine l'avait regardée avec des yeux ronds comme des billes, à la lumière de la table de chevet, et avait fini par lui faire un câlin, sans vraiment savoir quoi dire. Elles avaient passé le reste de la nuit à en parler, Marlene libérant tout ce qu'elle avait gardé pour elle depuis des jours, depuis qu'elle avait commencé à avoir un doute. Elles avaient fini par s'endormir sur le grand matelas qui avait été installé par terre dans la chambre de Molly avant que Marlene ne soit réveillée par une certaine nausée, comme tous les matins depuis quelques temps. C'était Molly qui était allée acheter le test à la pharmacie, elle-même n'avait pas osé. L'idée de croiser le regard du pharmacien... Sa cousine n'avait beau avoir que seize ans, elle avait plus de cran qu'elle pour ces choses-là et dans le fond, ce n'était pas elle qui était vraiment concernée, ce n'était pas elle qui fixait le test depuis dix minutes en priant de toutes ses forces pour qu'il soit négatif.

Marly était assise par terre, le dos contre la paroi extérieure de la douche, la boite déballée à ses pieds et la notice un peu plus loin, à adresser des prières à toutes les divinités moldues et sorcières qu'elle pouvait connaître. Elle n'était pas enceinte. Elle n'était pas enceinte. Elle n'était pas enceinte.

- Alors ?

La voix de Molly résonna de l'autre côté du battant et Marlene ferma les yeux. Elles étaient toutes les deux dans l'appartement, son oncle et sa tante - Tiffany, la sœur cadette de sa mère - étaient partis travailler et sa cousine Sabrina et son cousin Melvin étaient chez des amis. Le test entre les mains, elle inspira doucement. Un. Elle n'était pas enceinte. Deux. Elle n'était pas enceinte, elle le savait. Trois...

- Marlene ?

Elle était enceinte.

La petite barre était fine mais bien présente. Positive. Signe positif. Test positif. Elle était enceinte. Ce fut comme si le sol se dérobait sous ses pieds et si elle n'avait pas été assise, Marlene était persuadée que ses jambes l'auraient lâchée. Elle fixa le test encore quelques secondes comme si elle pouvait l'annuler du regard mais rien ne bougea. Enceinte. Elle était enceinte. Comme un robot, elle se redressa et se dirigea vers la porte, tournant la clé pour faire face au regard inquiet de Molly.

- Alors ?

Elle n'eut pas besoin de répondre, son expression devait parler pour elle. Sa cousine eut un air immensément désolé tandis qu'elle la serrait dans ses bras, sans que Marlene ne puisse vraiment répondre à son étreinte. Elle était enceinte. Réellement, pour de vrai, c'était là, dans ce petit bout de plastique. Elle ne pouvait plus l'ignorer, ignorer tous ces signes pourtant bien trop évidents et fermer les yeux sur la réalité : elle était enceinte.

- Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Je ne sais pas, souffla-t-elle d'une voix blanche.

Pour l'instant, elle était trop sous le choc pour avoir des pensées cohérentes. Elle s'en doutait, pourtant, dans le fond, elle se doutait fortement de l'issue de ce test, tous les signes étaient là. Mais jusqu'à la dernière minute, elle s'était raccrochée à l'idée qu'elle puisse se tromper, qu'elle ait tout faux, que ce soit une fausse alerte et qu'elle puisse continuer sa vie comme si de rien n'était. C'était terminé désormais : peu importe ce qu'elle choisissait, la décision la suivrait toujours.

- Tu veux que j'appelle ma mère ?

La voix de Molly la ramena à la réalité et Marlene se tourna brusquement vers elle.

- Ça ne va pas ? Tu ne dis rien. A personne. Jure le moi.
- Mais...
- Jure le moi. Personne ne saura, tu ne dis rien, tu te tais.
- Je... D'accord mais... Qu'est-ce que tu vas faire ? répéta Molly. Tu vas le garder ? Ou avorter ?

Marlene secoua la tête tandis que ses yeux se posaient de nouveau sur le résultat du test. Elle ne savait pas. Elle ne savait vraiment pas.

1er Août

Le planning familial était à trente minutes en car du centre militaire. Marlene aurait pu faire le choix de voir un médecin au sein du complexe mais elle ne voulait pas que son père l'apprenne, malgré la promesse du secret médical. Elle aurait pu transplaner mais s'il y avait bien une chose qu'elle savait sur la grossesse, c'est qu'une femme enceinte ne devait pas transplaner alors elle avait pris le car jusqu'à Truro, l'une des seules villes de Cornouailles. Elle était rentrée de Manchester voilà quelques jours et n'avait toujours rien dit à personne. Molly avait gardé le secret et Marlene était revenue chez ses grands-parents quelques heures après comme si de rien n'était, son test de grossesse positif dissimulé au fond de son sac, dans sa boite. Elle avait dîné comme si de rien n'était, avait bavardé avec sa grand-mère, joué au scrabble avec son grand-père, fait un cheese-cake pour le lendemain et était retournée travailler chez May pour ses derniers jours de job d'été. Son père l'avait accueillie à la gare quand elle avait repris le train, elle avait passé deux heures avec Albert au téléphone (qui était stationné en Afrique actuellement) sans lui en dire un mot et ce n'est qu'une fois installée dans sa chambre qu'elle avait laissé de nouveau l'angoisse la saisir jusqu'au fond du ventre.

Elle avait passé la nuit sur internet, sur des sites et des forums divers à chercher des informations. Sur la grossesse, la grossesse adolescente, les solutions, les médecins, les recommandations, les conseils. Elle avait trouvé un forum de filles tombées enceintes trop tôt et s'était abîmé les yeux à la lumière de l'écran à force de tout lire. Rien de tout cela n'avait pu vraiment l'éclairer, dans le fond. Elle avait trouvé le numéro du planning familial le plus proche, avait pris un rendez-vous et juré à son père qu'elle allait juste faire les boutiques aujourd'hui, pas qu'elle se rendait à une première consultation de grossesse. La salle d'attente était pleine de femmes très enceintes, certaines accompagnées, d'autres non, d'une ou deux filles encore plus jeunes qu'elle, de jeunes adultes à l'air tranquille. Elle-même était assise dans un coin de la salle, un magazine sur les genoux qu'elle fixait sans vraiment voir. Elle ne savait pas trop ce qu'elle cherchait, en venant ici, quelqu'un qui l'aiderait à prendre une décision. Elle avait fait une liste des pour et des contre pour éclaircir son cerveau mais pour la première fois de sa vie, Marlene savait que sa décision quant à cette grossesse dépassait le strict cadre de la logique froide mais facile qu'offraient ses listes.

L'avortement, c'était la solution la plus simple et assurément la plus raisonnable. Elle était très jeune, n'avait pas d'emploi, pas de diplôme et elle n'avait même pas fini l'école. Si elle gardait ce bébé, elle accoucherait même avant la fin de l'année, ce qui l'empêcherait sûrement de passer ses ASPICS. Et puis elle n'aurait pas à gérer l'annonce à sa famille, à son père, à son frère... A James. Elle n'aurait pas à être la fille enceinte à Poudlard, celle qu'on montrait du doigt et qui devait rendre des comptes, elle qui était toujours restée dans l'ombre. Elle pourrait être diplômée de Poudlard, commencer une formation puis rencontrer quelqu'un, se marier et fonder une famille à ce moment-là, comme cela devait se faire. Elle n'aurait pas tous les problèmes qui se posaient là : elle n'avait pas d'argent, vivait chez son père, ne savait pas vraiment comment on faisait pour être mère et puis elle n'avait même pas vraiment quelqu'un pour l'aider, puisque Carter ne savait rien. A vrai dire, même s'il savait, Marlene ne savait pas vraiment ce qu'il ferait. Qui voudrait d'un bébé - avec une fille qui n'était même pas sa copine - à dix-sept ans ? Que ferait-elle s'il l'apprenait et lui disait clairement de se débrouiller toute ? Qu'il s'en fichait ? Et si elle avait ce bébé, qu'est-ce qu'elle lui dirait, à lui ? Qu'il n'avait qu'une mère parce que ses parents avaient été irresponsables un soir ? Qu'ils ne s'entendaient même pas ? Qu'ils ne pouvaient pas se voir en peinture, en dehors d'une nuit alcoolisée ? Elle n'avait pas le droit d'offrir une vie sans papa à son bébé, non ? L'avortement, sur le papier, c'était quand même la meilleure solution.

Mais plus le temps passait, moins Marlene arrivait à s'en convaincre. Elle pensait déjà à son bébé. Pas comme juste à une grossesse ou à une bêtise, elle y pensait comme à son bébé, qui était là et qui pourrait l'être vraiment si elle menait cette grossesse. Elle avait toujours voulu des enfants, cela avait toujours été une évidence. Elle voulait se marier et fonder une famille, avoir une grande famille. Si elle avortait maintenant, comment se sentirait-elle au moment d'avoir un bébé choisi ? Elle y penserait forcément, elle se connaissait. Comment pourrait-elle vivre en se disant qu'elle avait renoncé à son rêve d'être maman parce qu'elle avait peur ? Certes, elle était jeune mais elle ne serait pas la première, non ?  Elle arrivait déjà tellement à se projeter que c'en était effrayant, elle se voyait déjà avec son bébé, un tout petit bébé, dans ses bras, auprès d'elle. Un bébé qu'elle aimait déjà un peu dans le fond, qu'elle aimerait encore plus après. Elle pourrait s'occuper de lui, elle était quelqu'un de responsable et de posé, elle saurait comment s'en occuper. Pour Poudlard... Elle pourrait aller en cours jusqu'à la naissance et passer les ASPICS en candidat libre, peut-être que la direction accepterait. Elle pourrait chercher une formation pendant l'été ou attendre un an, faire des petits boulots en attendant que le bébé soit assez grand pour être gardé, afin d'avoir des sous. Elle pourrait avoir des aides de l'Etat et sa famille ne la laisserait pas tomber, n'est-ce pas ? Elle prendrait un petit appartement dans un endroit pas trop cher et elle élèverait son bébé, ils pourraient être bien tous les deux... Elle saurait s'occuper de lui et elle l'aimerait, c'était le plus important, non ?

- Miss Barclay ?

Marlene releva la tête à l'annonce de son nom et suivit le médecin qui était venu l'accueillir jusqu'à son bureau, un peu mal à l'aise. Une table d'examen trônait dans un coin, des affiches sur la contraception étaient sur les murs ainsi que des numéros d'appel pour les jeunes en difficulté.

- Vous venez donc ici pour une grossesse, c'est ça ? Quel âge avez-vous ?
- Dix sept ans. Et demi, précisa-t-elle.

Le médecin hocha la tête et nota quelque chose dans son carnet avant d'enchaîner avec des questions de routine, jusqu'à l'examen. Avant de venir, Marlene avait tout fait dans les règles : un deuxième test de grossesse - toujours positif - et un bilan sanguin qui était arrivé la veille et qu'elle avait subtilisé au courrier avant que son père ne se lève. Tout était bien, selon le médecin, elle venait d'entrer dans la cinquième semaine de grossesse, ce qui lui laissait toutes les options ouvertes. Ses examens étaient parfaits, elle n'avait pas de contre-indication... A chaque remarque du médecin, Marlene hochait la tête, les mains un peu crispées sur ses genoux.

- Et est-ce que vous avez déjà pris une décision, un début de piste sur ce que vous souhaitez faire quant à cette grossesse ? interrogea le médecin doucement, un regard soucieux posé sur elle.

Marlene baissa un peu la tête, quelques mèches de cheveux se glissant devant ses yeux avant qu'elle ne les remette en place derrière son oreille du bout des doigts.

- J'ai pensé à l'avortement mais...
- Mais ? reprit le médecin, en sentant son hésitation.
- Je crois que je n'en n'ai pas envie.

Les choses étaient dites, songea-t-elle en sentant son cœur accélérer. Elle s'attendait presque à ce que le médecin s'emporte, dise que c'était déraisonnable, complètement fou, irresponsable de faire un tel choix à son âge mais cette dernière se contenta de hocher la tête, une expression toujours aussi neutre sur le visage.

- Sachez qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise décision : il n'y a que votre volonté à vous. Peu importe votre choix, vous devez surtout vous assurer qu'il correspond à ce que vous voulez, sans pression extérieure. Je vois que vous êtes encore mineure - Marlene manqua de corriger avant de se souvenir que chez les moldus, elle ne n'était pas majeure - vous avez quelqu'un de confiance pour vous accompagner, à qui vous confier ? Vos parents sont au courant ?

Marly secoua la tête. Son père... Son père ne supporterait sûrement pas d'apprendre que sa fille chérie était tombée enceinte à dix-sept ans.

- Je pense qu'il est important que vous puissiez avoir quelqu'un de plus âgé sur qui vous reposer. Une tante, une amie, une cousine... Quelqu'un de confiance. Vous en avez parlé au géniteur ?

Elle eut un instant d'hésitation avant de comprendre - l'emploi du terme "géniteur" lui avait fait étrange - que le médecin parlait de James. James, le père de ce bébé. Ce bébé qu'elle songeait de plus en plus à mettre au monde et qui serait donc leur enfant à tous les deux... C'était carrément étrange.

- Pas encore.

Le médecin hocha la tête de nouveau.

- Si vous menez cette grossesse à terme, il sera important de lui en parler, je pense. Vous ne pourrez pas tout garder pour vous éternellement.

Ce fut au tour de Marlene de hocher la tête, un peu honteuse. Oui, il allait falloir qu'elle en parle, surtout que sa décision se consolidait de plus en plus dans son esprit sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Mener cette grossesse à terme, avoir un bébé... Un bébé qu'elle aimerait inconditionnellement et qui l'aimerait aussi, devenir mère, cesser d'être cette adolescente mal dans sa peau que personne ne regardait jamais, que personne ne remarquait, pour devenir la mère de quelqu'un. Être une adulte, mener sa vie comme elle l'entendait, avoir une famille... Avoir un bébé.

- Vous voulez entendre le cœur ? Ce n'est pas une obligation, mais si vous le souhaitez...
- C'est possible de l'entendre déjà ?
- Normalement oui. Vous voulez essayer ?

Intimidée, Marly accepta doucement tandis que le médecin allumait l'échographe et qu'elle se déshabillait pour s'installer sur la table d'examen. Elle sentit à peine le gel froid sur son ventre tandis que son attention était entièrement concentrée sur l'écran noir et gris un peu flou. Au bout de quelques secondes, un bruit sourd et régulier retentit dans la pièce, lui arrachant un sourire jusqu'aux oreilles malgré elle. Le bruit du cœur du bébé résonnait dans la pièce et scella définitivement sa décision : elle allait le garder. Elle allait être maman.

5 Août

Le poing rageur de son père s'abattit sur la table et la fit sursauter malgré elle. Pour autant, Marlene ne releva pas la tête pour ne pas apercevoir le regard furieux de Nicholas dont les cris résonnaient dans la maison depuis quelques minutes déjà. Elle avait pris sa décision quatre jours auparavant et n'avait depuis eu de cesse de chercher le bon moment pour l'annoncer à son père. Bon moment qui n'était jamais venu, d'ailleurs. C'était un début de soirée comme les autres chez les Barclay et ils venaient de terminer de débarrasser la table du dîner, Balt se sauvant au plus vite dans sa chambre pour reprendre sa partie de jeu vidéo. Nicholas et elle étaient seuls dans la cuisine et elle l'avait fait assoir, le cœur battant à toute allure, en lui annonçait qu'elle devait lui parler. Son discours était tout prêt, chaque phrase était soigneusement pesée mais cela ne suffit pas à enrayer la tornade qu'était devenu son père : tout le voisinage devait l'entendre.

- Mais à quoi tu pensais ? A quoi tu pensais ?

Son cynisme adolescent aurait pu lui demander à quel moment il faisait mention - le soir avec James, à pas grand-chose d'autre qu'à un désir un peu trop brûlant et le jour de sa prise de décision, à la vie qu'elle pourrait avoir avec le bébé - mais Marlene était bien trop sage pour être insolente. Elle savait que rien ne pourrait calmer son père et que rien de ce qu'elle pourrait dire l'apaiserait.

- T'as pas été élevée comme ça, Marlene ! Comme la dernière des... Des...

Sûrement pas résolu à prononcer un tel mot en désignant sa propre fille, Nicholas s'interrompit, bouillant de rage.

- C'était un accident, répéta Marlene pour la troisième fois. Je n'avais pas prévu que...
- Encore heureux ! pesta-t-il. Encore heureux que tu ne sois pas idiote au point de le faire exprès ! Tu te rends compte que t'es en train de gâcher ta vie, là ?
- J'ai tout prévu ! Je vais retourner à Poudlard quand même et...
- T'as tout prévu ? Tu te fous de moi ? Mais dans quel monde tu vis ? Tu crois quoi ? Que ça va être facile ? Que tout va couler d'eau de source ? Que ça va se passer comme dans tes livres, là ? Tu crois qu'elles vivent comment, les ados qui tombent enceinte, hein ? Elles ne font pas d'études, se retrouve avec un salaire minable, pondent un autre gosse et finissent par être caissière en chef au Mark & Spencer du coin !
- Je peux travailler directement si j'ai mes ASPICS, je pourrais avoir un salaire et...
- Tu crois qu'il suffit d'un salaire pour élever un enfant ? Qu'il suffit de le nourrir trois fois par jour et basta ? Tu ne te rends pas compte dans quoi tu t'engages !
- Bien sûr que non, je ne crois pas ça ! répliqua Marlene, piquée au vif. J'ai bientôt dix-huit ans, papa, je ne suis plus une gamine. Je sais que c'est plus que ça, élever un enfant, je sais que ça sera dur et compliqué, je sais tout ça ! Mais j'ai décidé et c'est tout, personne n'a son mot à dire dessus.
- Je suis ton père et...
- Et bien moi je serai bientôt mère.

L'aplomb avec lequel elle sortit cette phrase surprit Marlene autant que son père. C'était pourtant devenu une évidence dans son esprit depuis quelques jours : elle allait être maman et elle comptait commencer à agir en connaissance de cause. En sortant du planning familial, elle était allée en centre-ville avec les sous qu'elle avait gagné chez May. Elle avait acheté un livre sur la maternité, aussi épais qu'un grimoire de sortilèges, et était passée dans un magasin de puériculture pour récupérer une liste des objets indispensables. En rentrant, elle avait plongé dans sa réserve de papeterie (elle aimait autant la papeterie que les listes, c'est pour dire) et en avait sorti ses trois plus jolis carnets, ceux qu'elle avait toujours réservé pour une occasion spéciale sans savoir vraiment laquelle. Le premier serait pour le suivi de la grossesse, puis du bébé, pour qu'il ait des souvenirs plus tard. Le second allait servir de liste des choses matérielles de la grossesse : tout ce qu'il fallait acheter, les rendez-vous médicaux à prendre, les suivis à faire, les informations à noter... Et le dernier serait pour préparer sa vie avec le bébé. Elle allait y faire des comptes, des budgets, des listes d'achat, d'organisation, des plannings... Elle avait passé des heures sur le net à calculer les aides dont elle pourrait bénéficier, dans le monde magique et moldu, afin de comparer avec les prix des choses nécessaires à la venue et à la vie d'un enfant. Cela lui semblait compliqué et les aides étaient petites mais... Elle avait de l'argent de côté et elle avait hérité un peu de sa mère. Ce n'était pas grand-chose mais c'était déjà ça. Elle comptait demander de l'aide à sa famille et elle travaillerait dès que possible.

- Tu fais la pire erreur de ta vie, Marlene, attaqua son père. Si ta mère voyait ça...
- Je suis sûre qu'elle me soutiendrait, elle, répliqua mesquinement Marly.

Le regard que vrilla Nicholas sur elle aurait pu suffire à faire fuir un Inferi.

- On ne doit pas parler de la même alors, parce que ma femme n'aurait pas supporté d'avoir une fille comme toi.

La réplique lui fit l'effet d'une claque et elle sentit les larmes lui monter aux yeux sans qu'elle ne puisse les retenir. Se mordillant férocement l'intérieur de la gencive pour ne pas céder aux sanglots, Marlene baissa les yeux, la respiration haletante, le cœur étreint par l'angoisse. Elle n'avait pas fait de crise de panique depuis qu'elle avait appris qu'elle était enceinte, ce qui était étonnant puisqu'elle retombait dedans à chaque moment de stress, mais elle sentait le contrôle de la situation lui échapper. Le sang pulsait à ses tempes, sa vue se brouillait un peu et elle n'arrivait plus vraiment à respirer, la cage thoracique oppressée. Insensible aux déboires de sa fille, Nicholas se leva pour prendre une bière dans le frigo avant de se rassoir face à elle, son regard gris toujours aussi dur. Tout en essayant de calmer sa respiration - Miss Bloomwood lui avait appris à essayer de réguler elle-même ses crises, en plus de la potion tranquillisante qu'elle lui donnait parfois - Marlene se focalisa sur une chose positive comme on le lui avait dit : le bébé. Elle ne pouvait pas faire de crise d'angoisse enceinte, ce n'était sûrement pas bon pour le bébé et s'il sentait son état, il risquait de s'inquiéter... A vrai dire, elle ne pensait pas qu'il puisse être assez développé pour être conscient de tout cela pour le moment mais c'était étonnamment apaisant de se concentrer sur le bien-être du bébé. Elle sentait sa poitrine se dénouer un peu tandis qu'elle glissait ses mains tremblantes sous ses cuisses pour que le contact la fasse revenir à la réalité. Son père ne l'avait pas quittée du regard pendant tout ce temps là, ses mains crispées autour de la bouteille fraiche de bière, leur cuisine uniquement éclairée par l'abat-jour vert du plafond.

- Comment il s'appelle ?

Marlene releva les yeux vers son père, la gorge sèche.

- Qui ?

Sa voix était tremblante mais elle sentait l'angoisse se dissiper, toutes ses pensées tournées vers le bébé.

- Le garçon qui t'as mise enceinte.

Marlene garda le silence quelques instants. Elle n'avait toujours rien dit à James et honnêtement, elle ne savait pas comment faire. Elle avait peur de sa réaction et ne savait pas comment lui dire, surtout maintenant qu'elle lui imposait une décision, en quelque sorte. Elle ne voulait pas le forcer, même si elle gardait le bébé : c'était son choix et elle l'assumerait seule, elle ne lui demandait rien. Mais il aimerait sûrement savoir et de toute manière, les choses allaient finir par se voir, à l'école... Elle ne savait pas où il vivait et n'avait pas son numéro de téléphone - le nombre de Carter au Royaume-Uni dans l'annuaire devait être impressionnant - et ne pouvait pas annoncer ça par hibou... C'était des excuses, elle le savait bien dans le fond : elle aurait très bien pu demander à le voir, il n'aurait sûrement pas refusé, ne serait-ce que par curiosité. A moins qu'il croit que ce soit parce qu'elle était tombée amoureuse de lui à cause de la soirée de fin d'année et qu'elle veuille sortir avec lui  ? Et du coup, il refuserait pour ne pas lui donner de faux espoirs ? Comme si elle était amoureuse de lui, en plus. Elle avait bien d'autres choses à penser...

- Un garçon de mon école. Il ne sait pas.

Elle vit très bien que cette réponse ne satisfaisait pas son père, mais c'était la seule qu'elle avait pour lui pour le moment. Il la fixa un long moment dans le silence avant de se lever dans un raclement bruyant de chaise.

- Je vais prendre l'air.

Marly hocha la tête, soulagée que cette conversation prenne fin momentanément. Elle observa son père attraper sa veste dans le placard du couloir, n'ayant pas bougé de sa chaise. Ce fut au moment où il ouvrit la porte d'entrée que les mots lui échappèrent.

- Tu me détestes ?

Nicholas suspendit son mouvement et se retourna vers sa fille, une certaine lassitude dans le regard.

- Tu sais bien que je ne pourrais jamais.

Oui, elle savait bien en plus. Mais cela faisait du bien de l'entendre.

31 Août

Un rayon de soleil vint chatouiller les pommettes de Marlene et elle ouvrit un œil avant de le refermer aussitôt. Elle ne voulait pas que cette journée commence, tout simplement parce qu'elle ne voulait pas que cette journée finisse. C'était le dernier jour des vacances, le dernier jour avant la rentrée et comme chaque année, elle ne voulait pas retourner à Poudlard, cette année encore moins. Sa malle était prête pourtant, tout était dedans : ses affaires de cours, sa baguette magique, ses livres, le couvre-lit tout doux qui ornait son lit à Poudlard, une peluche qu'elle traînait depuis des années sans pouvoir s'en séparer, ses vêtements, son uniforme... Des objets nouveaux étaient pourtant apparus cette année : elle avait pris son uniforme en plusieurs tailles, car elle allait prendre du ventre avant Noël, son livre de grossesse était bien dissimulé au fond de sa malle ainsi que ses carnets.

Elle avait eu un rendez-vous avec le professeur Mason une semaine auparavant, pour l'informer de sa situation. Cette dernière avait eu l'air plus que surprise mais n'avait fait aucune remarque déplacée, surtout pas face à son père qui fulminait dans le bureau directorial. Pour une fois que sa famille moldue venait à Poudlard, il avait fallu que ce soit dans de telles conditions... Le Professeur Mason avait assuré qu'elle trouvait ça courageux et important qu'elle continue ses études et que l'équipe pédagogique serait là pour l'épauler dans ses démarches. Elle allait avoir une autorisation de sortie spéciale pour faire ses examens à Sainte-Mangouste - elle avait rencontré un Gynécomage pour la première fois avant-hier - et elle pouvait rester à l'école jusqu'en avril, date présumée de son accouchement. Les enseignants lui enverraient les cours et elle reviendrait deux mois après la naissance pour passer ses ASPICS, en espérant que tout se passe bien et qu'elle puisse les décrocher du premier coup pour qu'il n'y ait pas de trous dans son cursus. Dans les faits, cela paraissait idéal mais Marlene se doutait bien que les choses seraient plus compliquées que cela, ne serait-ce que la gestion des rumeurs sur son ventre qui allait s'arrondir... Surtout que James ne savait toujours pas.

Le réveil indiqua dix heures et elle poussa un soupir. Depuis l'annonce de sa grossesse, son père la laissait dormir. Il faut dire qu'elle était particulièrement fatiguée, bien que son livre indique que cela se dissiperait sûrement au cours du troisième mois. Elle suivait l'évolution du bébé consciencieusement : il mesurait deux centimètres désormais et son visage commençait à se développer. Il avait même des doigts maintenant ainsi que des orteils ! Apparemment, il bougeait mais elle ne pouvait pas encore le sentir (il était si petit en même temps) Elle avait pensé à des prénoms, un peu, qu'elle avait soigneusement noté dans ses carnets.

Le reste de sa famille le savait depuis quelques jours et évidemment, cela avait fait grand bruit. De manière assez surprenante, ses grands-parents paternels et son grand-père maternel (sa grand-mère de ce coté là était décédée alors qu'elle avait treize ans) étaient les moins choqués : une grossesse à dix-huit ans, cela arrivait tout le temps à leur époque, il suffisait de "régulariser" la situation. Évidemment, Marly n'avait pas précisé qu'elle ne sortait même pas avec le père de l'enfant à venir, elle n'allait pas se mettre à dos ses seuls soutiens. Son grand-père paternel était heureux de l'annonce : depuis le décès de sa fille et de sa femme, il se sentait bien seul et l'idée de connaître son arrière-petit-enfant l'enthousiasmait au plus au point. Quant à Albert... Et bien tout comme leur père - ils avaient bien plus de points communs qu'ils ne voulaient l'admettre - il avait d'abord été en colère mais n'avait pas pu la faire changer d'avis. Il ne lui parlait plus vraiment depuis et si cela peinait Marlene, elle savait que c'était passager. Tout changerait lorsque le bébé serait là, elle le savait : personne ne pouvait résister à un bébé et toute la famille l'aimerait très fort aussi. Balthazar vivait les choses de manière plutôt sereine, il ne réalisait sûrement pas. Leur père... Faisait avec. Leur relation était tendue depuis l'annonce de la grossesse mais son retour à Poudlard leur ferait du bien à tous les deux : elle ne reviendrait sûrement pas avant Noël, les choses auront eu le temps de s'apaiser d'ici là.

Repoussant sa couette, Marlene s'assit sur le bord du lit et saisit sa brosse. Elle avait rayé tous les objectifs de ce mois-ci sur sa liste de choses à faire pour le bébé, sauf un. Le dire à James. Dans les faits, c'était sûrement le plus important mais c'était aussi le plus dur. Elle le verrait demain, elle le savait, à la gare ou dans le train, au pire au banquet. Qu'était-elle censée faire ? Avant même d'apprendre qu'elle était enceinte, elle ne savait pas comment agir envers lui à la prochaine rentrée. Ils avaient convenu de ne rien dire mais est-ce qu'ils avaient le droit de se dire bonjour ? L'ignorer serait plus logique mais elle avait l'impression que cela lui ferait bizarre de l'ignorer tout simplement parce qu'elle n'avait pas très envie d'être ignorée en retour. Il avait été sa première fois après tout et peut-être que pour lui, cela ne voulait rien dire mais pour elle, cela avait une petite signification quand même, même si c'était James Carter... Maintenant qu'elle était enceinte, c'était pire. Elle devait lui dire, assurément, pour qu'il sache. Il allait le voir de toute manière au bout d'un moment et se poserait sûrement des questions. Elle n'avait jamais eu de petit-ami à Poudlard et elle lui avait dit le soir de la soirée de fin d'année, alors qu'ils s'embrassaient et que ses mains avaient commencé à dériver, que c'était la première fois pour elle. Certes elle aurait pu avoir quelqu'un pendant l'été mais... Elle n'allait pas lui mentir non plus, tout comme elle ne mentirait pas à son bébé quand il lui demanderait un jour qui était son père.

Elle posa sa brosse sur le dessus de sa malle pour ne pas l'oublier en partant demain matin et ouvrit ses rideaux. La base militaire était en pleine ébullition et elle resta à fixer le spectacle quelques instants avant de se détourner pour descendre prendre son petit-déjeuner. La maison était vide et étonnamment silencieuse, même la console de Balthazar ne venait pas troubler la quiétude. Sur la table de la cuisine, un carton un peu poussiéreux était posé et Marlene s'en approcha avec curiosité. Des vieilles peluches, des vêtements de bébés un peu démodés... Avec un sourire, elle déballa tout : c'était les affaires de ses frères et elle quand ils étaient petits, que son père avait dû sortir du grenier. Elles étaient un peu usées mais certaines pouvaient encore être utilisées sans problème. Des vieux biberons en verre, des bracelets de maternité pour des minuscules petits poignets de nourrissons, des petits chapeaux pour couvrir la tête du bébé et dans le fond du carton, une petite boite en velours rouge. Le collier de grossesse en argent de sa mère s'y trouvait et Marlene eut un coup au cœur en le reconnaissant. Il était sur toutes les photos des grossesses, ce long collier en argent avec une clochette au bout que seul le bébé pouvait entendre. Il reposait sur le ventre pendant des mois et une fois né, le bébé reconnaissait le son qu'il entendait dans le ventre de sa mère. Précautionneusement, elle le sortit de son écrin et le passa autour de son coup, sous son t-shirt bleu, le médaillon encore froid venant reposer sur son ventre. C'était un joli cadeau de son père et à cet instant, Marlene se sentit plus proche de sa mère qu'elle ne l'avait été pendant des années.

Refermant le carton pour le monter dans sa chambre, là où dormirait le bébé une fois né, Marlene eut un sourire. Ce ne serait sûrement pas facile, non, et elle allait sûrement passer des moments difficiles mais... Elle n'était pas toute seule. Dans le fond, quand on y pensait bien, elle ne fondait pas une famille : elle rajoutait un membre à la sienne. Et à celle de James, aussi. Elle lui dirait, décida-t-elle. Demain ou plus tard, mais elle lui dirait. C'était son bébé également, après tout.
Revenir en haut Aller en bas
 
Papa don't preach [OS]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum du futur :: Once upon a time :: L'alternative-
Sauter vers: