Blame it on the alcohol

23 Juin 2007

La musique résonnait à plein volume dans la salle de classe du sixième étage, transformée pour l'occasion en une vaste piste de danse. La traditionnelle soirée de fin d'année battait son plein et la plupart des élèves étaient en train de soulever leur verre au rythme du dernier tube de Voldy. L'alcool avait coulé à flots ce soir, d'autres substances pas très légales faisaient également le tour de la salle, et pour une fois, Marlene avait peut-être un peu abusé de la téquila. L'année dernière, elle avait été très raisonnable, quelques verres tout au plus, mais cette année, elle avait eu la main un peu leste. Les examens avaient été difficiles, elle était fatiguée, n'avait pas beaucoup mangé et l'alcool lui était vite monté à la tête.

D'habitude, elle avait l'alcool triste mais cette année, une véritable bonne ambiance régnait sur la soirée. Beaucoup de rires, de chants et tout le monde semblait d'excellente humeur alors elle s'était laissée porter. Elle avait bu avec Beth, avec Lindsay Mailing, avec quelques filles de Gryffondor et avait fini par danser - malgré sa timidité - quand Beth l'avait entrainée sur la piste. Après quelques morceaux, elle avait trop chaud, la tête qui tournait un peu et avait abandonné sa camarade pour se laisser tomber sur une chaise dans un coin, massant légèrement ses chevilles maltraitées par les talons hauts qu'elle portait. Elle laissa son regard traîner sur la salle, observant les gens qui dansaient, ceux qui faisaient des jeux d'alcool dans un coin et ceux qui s'embrassaient goulument sur les bureaux qui avaient été repoussés et empilés dans un coin de la pièce. Croisant le regard insistant de Ashton, elle rougit quand ce dernier la détailla sans aucune retenue - et sans aucune décence - de ses jambes dénudées à sa sa petite robe noire. Elle lui jeta un regard noir malgré ses joues empourprées - aucune gêne - et se leva pour aller se resservir à boire. De toute manière, au point où elle en était...

Elle était en train de manier précautionneusement la louche de punch (ses réflexes n'étaient plus vraiment très sûrs) quand elle fut bousculée sur le côté. Le contenu de la louche se déversa sur la table et elle se retourna brusquement vers le groupe d'importuns, tombant nez à nez avec James Carter et ses copains. 

- Hé, fais un peu attention, sérieusement !

D'abord elle ne l'aimait pas. Et ensuite... Et ensuite son cerveau était un peu trop embrumé par l'alcool pour se rappeler la suite. Fronçant les sourcils, Marlene eut quand même son réflexe habituel : celui de l'agressivité.

- T'as pas Clara Guipure à aller bécoter dans un coin comme l'année dernière ?

Ouuups. Il ne fallait pas le dire. Enfin, elle croyait se souvenir qu'il ne fallait pas le dire. Elle avait assisté à la scène de la soirée quatre couleurs voilà un an tout pile mais n'en n'avait jamais parlé, tout simplement parce qu'elle ne parlait pas aux protagonistes de cette histoire. Sauf Carter, quand ils échangeaient une ou deux vacheries dans les couloirs. Ou là, tiens.

La fête de fin d'année se déroulait parfaitement bien. James - un peu éméché, il devait bien l'avouer - attrapa la main de Diane, une fille de son année, pour l'entraîner dans une danse décousue qui se termina dans les éclats de rire des deux élèves. Il mima un baise-main à la fin de la musique, avant de rattraper la jeune fille qui titubait.

"Ce fut un plaisir, monsieur." déclara-t-elle en riant et en faisant mine de s'incliner.

"Tout le plaisir est pour moi, gente demoiselle." répliqua-t-il en se détachant de la jeune fille, qui, après un dernier sourire, tourna les talons pour rejoindre ses amies.

James, de son côté, traversa la piste de danse pour rejoindre Daniel et George qui discutaient.

"Vous parlez de quoi ?" interrogea-t-il en arrivant.

"Ton numéro de charme avec Diane, quelle question." répondit Daniel avec un visage mystérieux.

"N'importe quoi." soupira-t-il.

""N'importe quoi"" imita Daniel, moqueur. "T'as pas vu comment elle te regardait !"

"C'est juste une copine." répondit-il en haussant les épaules.

"Ben voyons."

"T'es jaloux ?"

"De toi, Jamesie ? Rêve."

James ricana, et entraîna ses deux amis vers le bar en lançant un "Trêve de plaisanteries, on va se chercher à boire ?" qui motiva les deux jeunes hommes. Si les garçons n'étaient pas complètement ivres au point de ne plus savoir ce qu'ils faisaient, ils ne marchaient pas réellement droit pour autant. Si bien qu'ils finirent - forcément - par bousculer quelqu'un, et plus particulièrement Marlene Barclay. James soupira lorsqu'elle se retourna, et croisa immédiatement les bras sur son torse.

"Excuse, on n'a pas fait exprès." lâcha-t-il toutefois - puisqu'il était une personne polie et civilisée, lui.

La suite de ses paroles lui retira toutefois toute envie d'être complaisant, et il lança un regard noir à la jeune fille, tandis que Daniel et George lui lançaient des regards interrogateurs.

"Elle a dit quoi ?" demanda Daniel en fronçant les sourcils.

"Longue histoire. Je vous raconterai, promis." lança James en soupirant.

Sceptiques, les deux garçons - ayant récupérés deux verres de whisky s'éloignèrent. James se plaça face à Marlene, exaspéré.

"Je ne t'ai jamais rien demandé, à part de garder ça pour toi. C'était trop dur ?" demanda-t-il en secouant la tête.

Les excuses de James ne suffirent pas vraiment à Marlene et pourtant, elle n'en n'attendait même pas. Si cela avait été qui que ce soit d'autre, ce n'aurait pas été bien grave : elle aurait souri – en serrant les dents – et l'incident se serait arrêté là. Mais James Carter ! Ce Poufsouffle excessivement agaçant (alors qu'ils ne se parlaient quasiment jamais et n'étaient pas dans la même maison bien qu'ils soient dans la même année) et qui avait comme extraordinaire talent de déclencher des réactions épidermiques chez elle. Elle ne pouvait donc pas le voir en peinture, avait-elle décidé, puisque Marlene ne tolérait de toute manière pas ce qu'elle ne pouvait contrôler. Et en plus, il était prétentieux. Arrogant. Et... Et... Et elle ne se souvenait plus du reste, dans son esprit un peu trop embrumé par les vapeurs d'alcool. Mais elle était certaine d'avoir toute une liste d'arguments incontestables pour faire le procès de James Carter.

Et en plus, d'ailleurs, puisqu'elle y pensait et que ça lui revenait, c'était ty-pi-que-ment (tout était dans la séparation des syllabes, assurément) le genre de garçon qu'elle n'aimait pas. Pour la bonne et simple raison qu'il sortait avec des filles comme Kessy Brooks et donc qu'il ne sortait pas avec des filles comme elle. Pas qu'elle veuille sortir avec lui, hein. Elle faisait juste une démonstration générale. Donc les garçons comme James Carter, qui disons-le, possédaient un physique relativement bien organisé – et Marlene aimait bien l'organisation – et un réseau social et amical plutôt fourni, sortaient avec des filles qui étaient leurs équivalents et ensuite, ils se mariaient et faisaient des enfants avec le gène de popularité qui ostracisaient donc les gens qui n'avaient pas le gène de popularité, c'est-à-dire ses enfants à elle, ou bien elle-même. Démonstration générale toujours. Tout ça pour dire que... Que elle ne savait plus. Mais c'était important à dire.

Enfin, quoi qu'il en soit, elle n'aimait pas James Carter. Et venait de faire une très légère bourde face à lui en mentionnant Clara Guipure. Ce n'était pas un drame pourtant, non ? Si ? Elle l'avait déjà fait. Une fois. Elle ne savait même plus trop dans quel contexte, un devoir de botanique, Carter l'avait agacée et elle avait persiflé ça à voix basse, dans une légère menace voilée dont elle avait le secret. Son camarade de classe n'avait pas du tout apprécié et il lui avait clairement sommé de garder l'information pour elle, ce qu'elle avait fait jusque là (pas par égard pour lui ou quoi que ce soit, juste parce que dans les faits, tout le monde s'en fichait un peu de savoir que James Carter bécotait sa meilleure amie aux soirées de fin d'année avant de la laisser tomber pendant l'été pour aller bécoter Kessy Brooks ailleurs qu'aux soirées de fin d'année. Enfin non, personne ne s'en fichait et cela aurait fait les gros titres de l'école. C'est juste que Marlene n'avait pas vraiment d'amis avec qui partager ce juteux ragot). Cela venait de lui échapper à l'instant, sûrement parce que, premièrement, elle avait trop bu et deuxièmement, c'était quand même vraiment trop drôle de provoquer Carter. Il s'énervait et c'était un spectacle étonnamment assez plaisant à voir. Quand ils se retrouvèrent tous les deux seuls – où est-ce qu'ils étaient partis les deux autres ? - elle soutint son regard exaspéré, un léger sourire en coin sur les lèvres.

- Ca vaaa ! C'est pas la fin du monde non plus, tu sais. Tu devrais sérieusement songer à te détendre quelque peu, ajouta-t-elle sans se rendre compte que c'était l'hôpital qui se fichait de la charité. Et puis quoi à la fin ? Petit James n'assume pas ses bêtises ? C'est dommage pourtant... Elle est jolie Clara Guipure, tu ne trouve pas ?

Toujours avec cet exaspérant petit air satisfait.