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 Beautiful disaster

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Marlene Barclay

Marlene Barclay


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MessageSujet: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyJeu 12 Fév - 21:52

6 Septembre 2017

Assisse sur le rebord de sa baignoire, face à l'évier, Marlene n'arrivait pas à se résoudre à se lever. Elle était prête pourtant et ce depuis bien une heure mais elle repoussait sans cesse le moment de partir. Ce fut le claquement de la porte d'entrée qui la fit sursauter brusquement, comme prise en faute, et elle se leva comme électrocutée, s'empressant de saisir un épais pinceau et son poudrier afin d'en appliquer un peu sur ses joues. La porte de la salle de bains s'ouvrit quelques secondes plus tard, laissant apparaître Isaac, l'air fatigué après sa nuit de garde. Elle lui adressa un sourire machinal tandis qu'il s'approchait pour l'embrasser, baiser auquel elle se déroba rapidement.

- T'es là ? Je pensais que tu étais de garde, lança-t-il avec un sourire.
- Finalement non. Je brunche avec Emma, ajouta-t-elle, le mensonge venant avec la force de l'habitude.

Elle n'avait pas vu Emma depuis quelques semaines mais Isaac et elle n'étaient pas particulièrement proches, se croisant uniquement lors de quelques dîners entre amis, ce qui lui assurait la stabilité de son excuse.

- Oh, c'est chouette, tu lui diras bonjour de ma part.
- Promis.

Un silence s'établit quelques secondes entre eux, secondes durant lesquelles Marlene lui adressa un nouveau sourire. Isaac le lui retourna. Silence.

- Bon, je vais y aller, je ne voudrais pas être en retard, souffla-t-elle avec un amusement feint. Mais son petit-ami ne sembla rien remarquer et se contenta de se pencher pour l'embrasser sur le front.
- On se voit ce soir alors.
- Évidemment !

Il l'embrassa de nouveau avant de lui sourire et de sortir de la salle de bains pour rejoindre la chambre à coucher, afin de récupérer de sa nuit de travail à Sainte-Mangouste. Sans le vouloir, Marlene laissa échapper un soupir de soulagement. Isaac ne méritait pas ça, songea-t-elle en sentant la culpabilité habituelle l'envahir. C'était quelqu'un de gentil, de profondément gentil, de prévenant... Et il ne méritait pas ça. Alors non, ce n'était pas... Passionnel, entre eux, au contraire. Les silences étaient sûrement trop nombreux pour un jeune couple comme eux. Mais ce n'était pas de sa faute à lui. C'était de sa faute à elle.

Quand ils s'étaient rencontrés, pourtant, Marlene s'était promis que cette relation serait la bonne, qu'elle s'y investirait et qu'elle passerait enfin à autre chose. Isaac semblait parfait pour cela et tout avait commencé comme dans ses rêves d'adolescente. Ils avaient travaillé ensemble un jour, lorsqu'elle avait été appelée en tant que sage-femme dans le service de traumatologie des sortilèges où il était Médicomage. Elle fréquentait peu les autres services d'habitude mais un femme enceinte de huit mois avait reçu un Stupéfix dans une bagarre et le travail s'était déclenché, il fallait une expertise, alors elle était montée. Il avait été aimable, charmant, poli, gentleman. Il l'avait invitée au restaurant, à boire un verre. Ils s'étaient revus une fois, deux fois, huit fois avant qu'il ne l'embrasse. James n'était pas - plus - dans sa vie à ce moment là.

Elle aurait dû savoir que ce n'était que pour un moment.

Elle était avec Isaac depuis deux mois à peine à l'époque et ce n'était pas le grand amour. Pas pour elle. C'était... désespérément fade. Enfin, tranquille. Mais c'était ça une relation apaisée, non ? Pas de drame, de disputes, de déchirements... C'était simple, voilà tout. C'est du moins ce qu'elle se répétait. Il lui fallait le temps de s'habituer, voilà tout.

Et puis il y avait eu ce dîner de répétition, pour le mariage de Grady. James était là, évidemment. Isaac ne l'était pas, il était de garde. Elle n'avait pas prévu ce qui était arrivé. D'ailleurs au début, elle s'était même promis qu'ils ne parleraient pas. Des salutations polies, voilà tout. Comme de vieux amis. Dès qu'ils se reparlaient, cela finissait toujours mal. Toujours. Dans un sens ou dans l'autre, d'ailleurs. Mais le plan de table avait fait qu'ils étaient assis à côté et... Le revoir lui faisait toujours le même effet, mélange de sentiments diffus au début. Et puis venait le moment où elle se rappelait pourquoi elle était tombée amoureuse.

C'était l'affaire d'une fois, avait-elle promis le lendemain matin. Ils ne retomberaient pas dans leurs vieux vices. Ils avaient passé l'âge. Elle se l'était promis.

Elle avait tenu un mois entier avant de frapper à sa porte.

Cela faisait cinq mois qu'ils se revoyaient désormais. Elle n'avait rien dit à Isaac, elle avait fait comme si de rien n'était. Ce n'était malheureusement pas la première fois qu'elle se retrouvait dans la situation de la petite-amie infidèle. Quelle ironie d'être cent fois plus loyale à l'homme qui partageait ses nuits en secret qu'à ceux qui partageaient sa vie ! Il y a quelques années encore, cela la faisait presque rire jaune. Mais désormais même plus. Elle ne savait même pas ce qu'elle cherchait en faisant cela, elle n'en n'était même pas fière. Mais c'était plus fort qu'elle. Qu'eux. Ils revenaient toujours l'un à l'autre, inconditionnellement et envers et contre tout. Qu'ils soient seuls ou pas, séparés depuis longtemps ou pas, en le voulant... ou pas.

Elle aurait pu choisir plus tôt. Choisir James, qui n'avait jamais vraiment quitté sa vie depuis huit ans, depuis qu'ils s'étaient trouvés lors de leur dernière année à Poudlard. James, avec qui chaque baiser lui faisait le même effet qu'au premier jour. James, à qui elle se retenait de murmurer qu'elle aimait une fois sur trois alors qu'elle devait se forcer à le dire à Isaac, tant les mots ne venaient pas naturellement. Ils auraient pu se remettre ensemble, encore une fois. Mais ils s'étaient aimés autant de fois qu'ils s'étaient déchirés et c'était sûrement les pires chagrins de sa vie, tout comme ses plus grands bonheurs. C'était absolument terrifiant, l'idée de se remettre avec James, c'était prendre le risque qu'ils se quittent encore. Là, ils étaient ensemble dans un certain sens mais... Elle avait Isaac et c'était sûrement la seule chose qui l'empêchait de se lancer à corps perdu dans une relation qui ne ferait sûrement que lui briser le cœur à la fin, encore.

Elle aurait pu choisir Isaac. Plus tôt. Choisir la sécurité, une relation sans vagues et sans remous. Elle le faisait, dans un sens, en restant. Cela faisait deux mois qu'il lui avait demandé d'emménager et elle avait accepté. Pourquoi devrait-elle dire non ? Objectivement, elle avait tout pour être heureuse avec lui. Objectivement, c'était la relation parfaite. Un Médicomage reconnu, un bel appartement dans le Bristol magique avec vue sur le port, une relation stable, posée, adulte. Quand elle songeait à son avenir, quand elle avait seize ans, c'était exactement ça qu'elle voulait. Et elle l'avait, désormais. Quelque chose l'avait toujours retenue néanmoins, quelque chose la retenait encore. James, James et encore James, qu'elle n'avait jamais vraiment pu sortir de sa vie malgré ses efforts, malgré tous ces gentils garçons qu'elle s'était forcée à fréquenter.

Mais il n'était plus question d'elle, désormais. Elle avait pris sa décision. A contre cœur, plus qu'à contre coeur, avec l'impression de s'arracher elle-même quelque chose. Une décision qui lui donnait le vertige, une décision qui lui brisait le cœur encore plus qu'auparavant. Parce qu'avant, ce n'était pas forcément définitif. Maintenant si.  Elle n'avait plus le choix de toute manière.

Elle inspira profondément et se regarda une dernière fois dans le miroir avant de sortir de la salle de bain, attrapant son sac, sa veste et ses clés. Elle referma la porte de l'appartement derrière elle et transplana dans le Bristol moldu, le cœur en vrac et l'angoisse au creux de l'estomac. Elle monta les marches avec la familiarité de celle qui était venue ici trop de fois et s'arrêta devant sa porte, la fixant. Elle pouvait encore reculer. Elle pouvait... Non, elle ne pouvait pas. Il y avait des choses bien plus importantes maintenant. Des choses qui méritaient qu'elle prenne cette décision. Alors elle frappa deux coups, avec l'impression que son cœur allait exploser dans sa poitrine. Lorsque le battant s'ouvrit sur James, elle n'eut même pas la force de sourire. C'était facile de mentir à Isaac, il ne la connaissait pas vraiment après tout. Mais pas à James.

- Hey...

La main qu'elle glissa dans la sienne était un peu tremblante.

- Je peux te parler ?



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James Carter

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyJeu 12 Fév - 22:53

James avait, en apparence, tout pour être heureux. Une bonne situation, un bel appartement, et, officiellement, un travail stable qui lui assurait une vie paisible. En réalité, le jeune homme était bien loin de posséder tout cela. Le bel appartement, oui, la bonne situation, à la rigueur. Mais son travail n'avait rien de réellement stable, ou même de parfaitement légal. En effet, huit ans plus tôt, il n'avait pas fallu bien longtemps à James pour se diriger vers les affaires illégales. D'abord protégé par Roy Calder, l'ancien Poufsouffle avait fini par monter son propre réseau, en collaboration avec celui de son mentor. Il avait ses propres associés, ses clients, et une petite influence qui ne cessait de grandir. Étrangement, James aimait ce qu'il faisait. Le commerce - bien qu'illégal - l'intéressait, et il avait même songé à se rediriger vers un métier plus officiel. Mais une fois entré dans la pègre, il était bien difficile d'en sortir, volontairement, ou non.

Aussi, James, depuis plusieurs années, vivait une vie où la monotonie n'avait pas lieu d'être, ce qui était bien loin de lui déplaire. Il avait de toute façon finit par conclure que la stabilité n'était pas faîte pour lui, que ce soit d'un point de vue professionnel ou relationnel. Et ce n'était pas, pourtant, faute d'avoir essayé, à plusieurs reprises, ces dernières années. Il avait eu, vers ses vingt-et-un ans, plusieurs conquêtes féminines, dont les prénoms étaient aujourd'hui flous. Et puis il avait eu quelques relations plus sérieuses, notamment avec Rose, une jeune avocate, qu'il avait même fini par présenter à ses parents. Sur tous les plans, elle était la femme idéale : compréhensive, patiente, calme, sérieuse, sociale. Elle semblait si parfaite que, durant plusieurs mois, James s'était forcé à l'aimer, à la chérir. Tomber amoureux d'elle était devenu une  nécessité, un besoin féroce. Évidemment, cela avait échoué.

Cela avait échoué, parce qu'il y avait eu Marlene - parce qu'il y aurait toujours Marlene. Parce qu'elle était là, présente dans sa vie depuis ses dix-sept ans, parce qu'ils finissaient toujours par se retrouver. Pourtant, dans sa volonté de faire sa vie avec Rose, James s'était longuement répété que cette fois-ci, son ex petite-amie n’aurait aucune incidence sur sa relation amoureuse. Et il l'avait tenue, cette promesse ! Du moins, avant de la revoir, quelques mois plus tôt, au mariage de Grady. Il était témoin, elle avait été désignée comme demoiselle d'honneur, et ils s'étaient retrouvés - comme par hasard - à table, côte à côté. Puis ils avaient parlé. Et Marlene avait ri. Et James, comme à chaque fois qu'elle riait, et qu'elle souriait, était retombé sous son charme.

C'était comme une sensation de déjà-vu, comme une expérience qu'ils avaient recommencée, et qui fonctionnait à chaque fois. Et puis, il y avait eu ses lèvres contre les siennes, sa peau contre sa peau, son odeur qui emplissait ses narines, et Rose avait été oubliée - et le monde entier avait été oublié.

James avait quitté Rose - sa formidable Rose, sa femme idéale - deux jours après cet évènement.

Oh, il aurait pu prévoir que les choses finiraient de cette manière. Jamais James n'avait été fidèle, à part lorsqu'il était en couple avec Marlene. A vrai dire, il lui était toujours fidèle, puisqu'il n'avait jamais cessé d'avoir des sentiments pour elle, même s'il se jurait le contraire, dans sa plus belle mauvaise foi. Elle était la meilleure partie de lui, la seule pour qui il avait envie de changer, de grandir, de devenir l'homme idéal. Elle était la seule pour qui il était capable de faire  n'importe quoi, de l'acte le plus banal, à l'acte le plus fou, le plus extraordinaire. Mais malgré ça, malgré tous les efforts qu'il était prêt à faire, leurs relations se finissaient toujours de la même façon qu'elles commençaient : rapidement, et brutalement. Et c'était probablement les plus grandes souffrances que James n'avait jamais connu, tant elles le laissaient désemparé, triste, et surtout désespéramment seul.

Car jamais personne, autre que Marlene, n'avait réussi à combler cette sensation de solitude.

C'était avec elle qu'il se sentait complet, lui-même. C'était avec elle qu'il avait ses plus beaux souvenirs, et il ne parvenait jamais à tourner la page, malgré toute la volonté qu'il pouvait mettre dans cet acte. C'était trop difficile, la perte était trop grande, et le passé était trop dense pour qu'il puisse penser à l'oublier. Pourtant James était bien conscient que la situation dans laquelle ils étaient présentement ne pouvait pas durer éternellement. Il allait sur ses vingt-sept ans, et commençait à ressentir cette envie de trouver une réelle stabilité sentimentale. Mais la seule stabilité qu'il voyait, la seule qu'il concédait, c'était auprès de Marlene, or la vie qu'elle menait en ce moment ne semblait pas réellement correspondre avec cette aspiration, songea-t-il avec une grimace, alors que l'image de son couple avec Isaac lui revenait à l'esprit.

Quelques coups frappés à la porte le tirèrent de sa rêverie, et il se leva pour aller ouvrir, intrigué - il n'attendait personne, et il était rare que ses associés viennent chez lui. Il sourit à la vue de Marlene, avant de perdre complètement son sourire face à son attitude. Sa mine réjouie laissa place à un visage inquiet, et une désagréable sensation s'installa au creux de son estomac.

"Hey." fit-il en se décalant pour la laisser entrer. "Oui, bien sûr, viens." lança James en pressant doucement la main de Marlene dans la sienne. Il la conduisit jusqu'au salon, et la fit asseoir sur le canapé. Il la laissa seule quelques instants le temps de gagner la cuisine pour préparer un thé sucré à la jeune femme, qu'il lui ramena. Une fois installé à côté d'elle, James posa sa main sur son avant-bras. "Bon... Que se passe-t-il, Marly ?"
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Marlene Barclay

Marlene Barclay


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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyJeu 12 Fév - 23:42

Évidemment que James avait compris que quelque chose n'allait pas, elle n'aurait pas pu le cacher. Elle n'avait même pas essayé d'ailleurs. Elle le suivit dans le salon, entremêlant ses doigts aux siens l'espace d'un infime instant, savourant le contact, le dernier contact et se retenant de ne pas fuir en courant en oubliant tout. C'était la meilleure décision à prendre, se répétait-elle tandis qu'il s'affairait dans la cuisine à lui faire un thé. La plus difficile, la plus horrible, la plus triste de sa vie mais la meilleure décision. Pas pour elle, non. Elle savait à quel point ça serait dur, à quel point elle allait en souffrir. A chaque fois qu'ils s'étaient quittés, elle avait vraiment cru qu'elle ne s'en remettrait pas. C'était plus qu'un déchirement, c'était un arrachement, une plaie ouverte qui ne cicatrisait vraiment jamais... Jusqu'au moment où ils se retombaient dans les bras, apaisant ainsi la douleur. Elle fonctionnait comme cela depuis huit ans mais cela ne pouvait pas durer éternellement.

Leur relation avait toujours été égoïste. Ils s'aimaient profondément, plus que tout au monde. Plus que tous les autres dans le monde. Ils avaient fait des malheureux en se mettant ensemble, ils avaient rompu des amitiés, pour James du moins, mais cela ne s'était pas arrêté à Poudlard. Toutes ces fois où ils avaient été ensemble alors qu'ils n'auraient pas dû, tous ces petits-amis que Marlene avait trompé, parfois juste d'un baiser, souvent de plus. Ils étaient tous les deux avec quelqu'un lorsqu'ils s'étaient retrouvés voilà cinq mois. Elle était encore avec quelqu'un et elle se sentait mal pour Isaac envers qui elle avait une véritable affection mais... Elle oubliait tout lorsqu'elle retrouvait les bras de James, à chaque fois avec la même facilité, à chaque fois comme s'ils ne s'étaient jamais quittés depuis leurs dix-huit ans. Elle était égoïste. Elle ne pouvait tout simplement plus l'être désormais. Alors oui, cette décision lui briserait le cœur mais c'était pour la bonne cause, pour rendre quelqu'un d'autre heureux. Même pas Isaac, non. La seule chose qui pouvait supplanter l'amour qu'elle avait pour James, c'était bien l'amour qu'elle portait déjà à son futur enfant. Leur futur enfant.

Marlene était sage-femme, la grossesse était quelque chose qu'elle connaissait bien. Elle en avait vu les premiers signes très rapidement, avait compris très rapidement. Le calcul avait été simple, c'était un exercice qu'elle avait fait des centaines de fois à Sainte-Mangouste. Elle était tombée enceinte durant la semaine de congrès d'Isaac sur les nouveaux soins pour les blessures des sortilèges. Congrès qui se tenait à Moscou. Elle avait passé la semaine dans les bras de James, profitant honteusement de l'absence de son petit-ami pour n'avoir de comptes à rendre à personne. Ils avaient passé des journées entières ensemble, comme lorsqu'ils étaient encore un couple. Dans le monde moldu, juste tous les deux. En amoureux, aurait-elle pu admettre si elle avait accepté l'idée. Ce n'était juste pas le moment de penser à cela même si le souvenir pouvait lui tirer des sourires dans les pires moments et ces dernières semaines avaient été des moments horribles.

Découvrir sa grossesse avait été heureux. Elle avait toujours rêvé d'être mère, depuis qu'elle avait quitté Poudlard. Elle l'aurait sûrement été plus tôt si James et elle ne s'étaient pas séparés quelques années après leurs ASPICS... Marlene voulait une famille. Des enfants, plusieurs, les élever, être là pour eux, leur donner une vie de famille idéale, se promener avec eux, faire des crêpes, faire du vélo... Tout ce qu'elle avait pu faire dans son enfance avant le décès de sa mère à elle.

Et puis elle avait réalisé.

Elle était avec Isaac. Mais ce n'était pas le bébé d'Isaac. C'était celui de James, leur enfant à tous les deux, comme un mauvais coup du sort. C'était maintenant qu'elle tombait enceinte, lorsqu'ils n'étaient pas ensemble. L'image de la famille idéale, c'était avec Isaac qu'elle avait, malgré elle. Parce qu'il représentait cette sécurité à laquelle elle aspirait tant. C'était lui la maison en banlieue de Londres, le jardin pour faire du vélo, le labrador et les dimanches au soccer. C'était le monde d'Isaac, celui dans lequel elle vivait en tant que compagne du Docteur Owens, les dîners le dimanche dans la belle-famille et les dîners de couple mariés en semaine, où on parlait poussette et éducation de Mary-Elizabeth. Le monde qu'elle avait avec James c'était... La passion et l'amour fou, le vrai amour, le grand amour. L'amour instable, l'amour qui blessait et qui déchirait. Ce n'était pas le monde d'un bébé. D'une famille. Une famille avait besoin d'un couple stable et établi, un couple posé et tranquille.

Une famille avait besoin d'Isaac.

Elle s'était haï à ce moment-là. Profondément. Comme jamais auparavant. Mais tout, tout dans son cerveau hurlait que c'était la bonne solution. Pas pour elle, pas pour eux mais pour leur bébé. Un bébé qui aurait un père Médicomage, une maison tranquille et une vie tranquille. Elle avait pleuré, enfermée dans la salle de bains sous la douche pendant des heures. Mais l'idée ne l'avait plus quittée. Alors elle était là, les mains tremblantes sur sa tasse de thé, fixant ses genoux, James revenu à coté d'elle, sa main sur son bras, la chaleur de ses doigts sur sa peau, son prénom dans sa bouche et sa voix à son oreille. Et elle n'arrivait pas à le regarder.

- Il faut que je te dise quelque chose.

Elle vint poser la tasse de thé sur la table basse, dans un tintement de vaisselle avant de relever les yeux vers James. Elle connaissait les traits de son visage par cœur, elle les avait dessiné du bout des doigts des centaines et des centaines de fois. Ses yeux noisettes, ses lèvres, la courbe de sa mâchoire. Leurs genoux se touchaient et elle posa machinalement sa main sur sa cuisse, dans une recherche de contact alors qu'elle s'était juré que non, qu'elle serait forte. Si elle cédait maintenant... Mais c'était plus fort qu'elle, car elle savait que les mots qu'elle allait prononcer seraient définitifs et signeraient la fin de cette possibilité. Juste une dernière fois. Cédant à l'envie, Marlene se pencha vers James, glissant une main derrière sa nuque, l'embrassant comme pour un premier baiser, au début tout doucement, comme un effleurement, avant de se laisser aller dans ses bras, laissant ses doigts s'égarer sur le haut de son dos et ses épaules. Lorsqu'elle se détacha de lui, fébrile et prise d'une inextricable envie de pleurer à l'idée que ce serait le dernier baiser qu'ils échangeraient, elle s'éloigna quelque peu, passant une main sur son visage.

- Je...

Elle avait la gorge nouée et le cœur sur le point d'exploser.

- Je suis tellement désolée mais...

Elle tourna la tête pour ne plus croiser son regard et baissa finalement les yeux sur ses mains crispées sur ses genoux, plissant le tissu de sa robe.

- On ne va plus pouvoir... Toi et moi. Je... Il faut qu'on arrête. Pour de bon. Je...

Isaac et moi on va avoir un bébé. La phrase était simple, il suffisait de la prononcer. Mais les mots étaient coincés dans sa gorge et Marlene ne put parler. La seule chose qu'elle put articuler de nouveau alors qu'elle relevait des yeux plein de larmes vers lui fut :

- Je suis tellement désolée, James.



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James Carter

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyVen 13 Fév - 19:31

James connaissait Marlene par cœur - mieux qu'il ne se connaissait lui-même, à vrai dire. Au fil des années, il avait appris à reconnaître la moindre de ses mimiques. Il savait lorsqu'elle était heureuse, lorsqu'elle avait quelque chose à lui dire, lorsqu'elle lui mentait, lorsqu'elle était désemparée, triste, ou même encore perdue. Il aimait la façon qu'elle avait de baisser les yeux lorsqu'elle était gênée, la manière qu'elle avait de soupirer lorsqu'il l'embêtait. Il aimait tout - absolument tout - chez elle, et le problème était justement là. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait jamais à l'oublier, à tourner la page. Il l'avait dans la peau, il l'avait dans la tête, et l'oublier, vivre sans elle, n'était même pas une option qu'il envisageait.

Un jour, une des petites-amies de James, une certaine Amy, avait décrété qu'il était hermétique à l'amour, mais qu'il voulait y croire. James avait souri, l'avait embrassé sur le front, et avait changé de sujet. Il n'était pas hermétique à l'amour, loin de là. Mais il n'avait jamais aimé qu'une seule femme, et cette femme, c'était Marlene. Toutes les autres n'avaient jamais pu l'égaler : comment le pourraient-elles ? Pourtant, ce n'était pas par manque d'implication de la part de James : il avait toujours été prévenant, attentionné, et, en quelque sorte, le petit-ami idéal. Mais la passion - la véritable passion - manquait, tout comme l'amour. Mais ce n'était pas grave - ce n'était jamais grave - puisque le jeune homme savait pertinemment que, quoiqu'il arrivait, malgré toutes les épreuves et les conflits qu'ils traversaient, Marlene et lui revenaient toujours ensemble. C'était comme une certitude, toujours.

"Je t'écoute." fit-il en fronçant les sourcils, sérieusement inquiet, à présent.

Une sensation désagréable à l'estomac se fit sentir et James observa la jeune femme avec attention et appréhension, comme si les paroles qui allaient sortir de sa bouche avaient le pouvoir de détruire son monde. C'était ridicule, se raisonna-t-il. Mais il avait rarement vu Marlene aussi sérieuse, et ne pouvait s'empêcher de s'étonner de ce comportement. Toutes ces inquiétudes s'envolèrent brusquement lorsque la jeune femme vint poser ses lèvres contre les siennes, dans un baiser comme ils n'en avaient pas eu depuis longtemps, dans un baiser qui lui rappelaient ceux qu'ils échangeaient, dans les premiers temps de leur relation. James s'abandonna à l'étreinte, et répondit au baiser, glissant ses mains dans les cheveux noirs de Marlene, savourant ce moment. Mais, malgré la sensation de plénitude qui l'avait envahi au moment où Marlene l'avait embrassé, un doute avait persisté. Doute que James avait mis plusieurs instants à analyser.

Ce baiser avait un goût d'adieu.

Adieu qui fut confirmé, quelques minutes plus tard. Restant abasourdi, James dévisagea Marlene un long moment, comme s'il refusait d'y croire. Parce qu'il refusait d'y croire, dans un sens. Il refusait de comprendre. Et pourtant, des ruptures, les deux adultes en avaient connu un certain nombre, toutes plus déchirantes les unes que les autres. Mais celle-ci... Celle-ci était différente. Elle était douloureuse, évidemment. Mais elle semblait surtout amère. Plus encore, Marlene semblait prendre la décision à contrecœur. Et c'était suffisant pour que James reste un long moment sans rien dire.

"Comment ?" finit-il par lâcher, d'une voix grave, un peu rocailleuse.

La douleur semblait lui vriller la gorge, les tempes, le ventre. Cette situation n'était pas normale. Quand James et Marlene rompaient, ils se quittaient brusquement, sans prévenir, sans le savoir à l'avance, dans les cris, les pleurs. Le salon était trop calme pour une rupture - donc, par conséquent, ça ne pouvait pas en être une.

"Qu'est-ce que tu veux dire par "il faut qu'on arrête", au juste ?"

Si James refusait d'y croire, c'était parce que le ton de la jeune femme, les mots qu'elle avait prononcé, semblaient définitifs. Et ça, ce n'était pas possible. En dépit de tout, James restait persuadé, un peu inconsciemment, que Marlene et lui se remettraient ensemble, une nouvelle fois, et pour de bon. Qu'il l'épouserait, qu'ils feraient des enfants. C'était un rêve parfaitement utopique, il en avait bien conscience, mais... Mais c'était le seul avenir qu'il pouvait concevoir, en connaissant ses sentiments pour la jeune femme. Elle était l'amour de sa vie, la femme de sa vie. Elle était son passé, son présent, d'une certaine manière, mais représentait surtout son futur.

Et lui avait suffit de quelques mots pour tout briser.

"Qu'est-ce qu'il se passe, Marly ?" reprit-il en attrapant ses mains. "Et ne me dis pas rien, je ne te croirais pas. Qu'est-ce qui a changé ?" demanda-t-il, désemparé, presque suppliant de trouver une réponse, priant pour qu'elle soit suffisamment bancale pour la faire changer d'avis. Parce qu'il était prêt à tout, pour la garder avec lui.
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Marlene Barclay

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyVen 13 Fév - 21:41

Marlene ne put soutenir le regard abasourdi de James longtemps, surtout alors qu'elle devinait la douleur et le chagrin sur ses traits. Elle baissa les yeux sur ses genoux, le souffle court et le cœur battant la chamade dans sa poitrine, les mains tremblantes. Elle se sentait mal, littéralement. Elle se sentait mal physiquement, elle ressentait le chagrin de manière matérielle en plus de la douleur qui vrillait son cœur et son esprit, l'embrouillant un peu et lui donnant juste envie de pleurer et de pleurer encore, de se blottir dans les bras de James jusqu'à tout oublier et faire comme si le reste du monde n'existait pas, comme s'ils étaient juste tous les deux. A une époque, elle pouvait le faire, à une époque, elle l'avait fait, envoyant valser ceux qui n'étaient pas d'accord ou qui les critiquaient. Eux deux contre le reste du monde, une maxime qui rythmait leur relation depuis toujours. Sauf que pour la première fois, ils n'étaient plus que tous les deux : il n'était plus question d'eux.

- On ne peut plus se voir, répondit-elle d'une voix sourde à la question de James, sans pour autant croiser son regard, s'obstinant à fixer ses genoux. C'est fini, ajouta-t-elle dans un murmure, les mots lui brisant un peu plus le cœur au moment où elle les prononça.

Ce n'était pas la première fois qu'elle le disait pour autant. La première fois avait été à vingt-deux ans lors de leur première rupture. Ils étaient ensemble depuis Poudlard, s'étaient même installés ensemble depuis quelques mois lorsque tout avait volé en éclat, sans qu'aucun d'entre eux ne puisse le voir venir. « Je te déteste ! C'est fini, t'entends ? Terminé ! Je ne vois même pas pourquoi on a essayé d'être ensemble ! » Cela avait été la première fois, certes, mais pas la dernière. Ils avaient toujours rompu et pourtant, au fond d'elle, Marlene avait toujours su que quoi qu'il arriverait, ils pourraient toujours revenir l'un vers l'autre. Ils le faisaient, d'ailleurs. James était une constante dans sa vie, presque une part d'elle-même. Peu importait le moment ou les circonstances, elle savait qu'il serait là si elle avait besoin de lui, il serait là pour elle tout comme elle l'était pour lui. James était la personne la plus importante de sa vie et aucune de leurs ruptures, aucune de leurs relations amoureuses respectives n'avait pu nuire à cela. Alors quand elle disait "c'est fini", auparavant, elle savait que ce n'était pas vraiment le cas. Mais aujourd'hui, cela devait l'être. Après la naissance du bébé, elle ne pourrait pas abandonner sa famille sur un coup de tête pour James. Cela serait le bébé, la personne la plus importante de sa vie et à ce titre, elle devait faire les choses qu'il fallait faire pour lui assurer le meilleur avenir possible.

Mais elle n'aurait jamais pu envisager à quel point cela serait difficile. Elle s'en doutait, évidemment mais n'aurait pas pu prévoir la douleur qu'elle ressentirait en entendant le ton presque suppliant de James, en sentant ses mains se refermer autour des siennes. Malgré elle, un sanglot lui échappa et elle se força à respirer lentement. Elle était une adulte, elle ne pouvait pas se laisser aller ainsi. Elle avait pris une décision et elle s'y tiendrait, c'était la meilleure chose à faire pour le bébé. Relevant enfin le regard vers lui, elle caressa sa joue avec un sourire - malgré ses larmes - l'espace d'un instant avant de reposer sa main sur ses genoux, écartant doucement celles de James. C'était à ce moment là qu'elle aurait dû lui dire, lui annoncer qu'elle était enceinte. Qu'elle allait faire sa vie avec Isaac, parce que c'était la chose la plus raisonnable à faire. Pour eux deux. Malgré cela, même si elle n'arrêtait pas d'essayer de se répéter qu'elle devait le faire, les mots refusaient de sortir. Le mensonge refusait de sortir. Pouvait-elle vraiment regarder James, son James, dans les yeux pour lui annoncer que l'enfant qu'elle portait n'était pas de lui ? Le souffle lui manquait rien qu'à l'idée, comme si son corps lui-même essayait de l'en empêcher.

- On ne peut pas... On ne peut pas continuer comme ça indéfiniment. Ce n'est pas juste, ce...

Elle se leva, autant pour s'éclaircir les idées que pour s'éloigner de James, et fit quelques pas dans la pièce.

- Je ne peux pas faire ça plus longtemps à Isaac. Il mérite mieux que ça. Je ne peux pas, James. Je ne peux plus.

Demi-mensonge. Isaac ne méritait pas cela, c'était vrai, il méritait bien plus qu'une petite-amie qui lui mentait et le trompait avec son ex petit-ami qu'elle aimait encore dans le fond. Mais cela faisait cinq mois que Marlene gérait sa culpabilité et elle aurait pu continuer encore, elle le savait, même si c'était honteux, même si elle se détestait de pouvoir composer avec autant d'aisance avec l'adultère.

- Tu mérites mieux que ça aussi, tu... Je sais que tu l'aimais bien, cette fille, Rose. Je... Je ne vais pas quitter Isaac. Je... Je l'aime.

De toutes les choses fausses que Marlene avait dites dans sa vie, c'était bien la plus fausse. Elle avait essayé de l'aimer pourtant, quand ils s'étaient mis ensemble. Elle avait essayé de se convaincre qu'il était absolument parfait pour elle et il lui facilitait la tâche en étant le petit-ami idéal. Mais malgré tous ses affaires, elle n'était pas tombée amoureuse et James était revenu dans sa vie et... Comment pouvait-elle aimer Isaac après cela ? Mais elle s'était sentie obligée de le dire, dans une tentative désespérée d'éloigner James d'elle afin de se faciliter un peu la tâche, juste un peu. Envahie d'un profond vertige, avec l'impression qu'elle allait basculer à tout moment, l'estomac retourné, Marlene ferma les yeux prononça les mots redoutés sans même s'en rendre compte.

- Je suis enceinte.

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James Carter

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyVen 13 Fév - 23:37

Non, ce n'était pas fini. Ça ne pouvait pas être fini ! Ils avaient encore trop de choses à vivre ensemble, trop de choses à faire. James voulait épouser Marlene, lui faire un enfant, la voir chaque soir, chaque matin. Il était même prêt à s'installer dans une maison en banlieue, et à partir chaque année en vacances au même endroit, si cela lui faisait plaisir. Ce n'était pas fini - ce n'était même pas le début ! Leur relation n'était encore qu'une relation adultère. Non. Non, il le refusait. Il ne pouvait pas l'admettre. Et pourtant, la douleur qui lui vrillait l'estomac était bien présente pour le ramener à la réalité. Marlene voulait que tout se termine - qu'ils s'oublient, et définitivement, cette fois.

Ce n'était pas possible. James en était tout bonnement incapable. Et plus il regardait la jeune femme, plus il en était persuadé. Il ne pourrait jamais oublier sa façon de sourire, de rire. La couleur de ses yeux, la forme de ses pommettes, la sensation de ses cheveux entre ses doigts. Personne ne l'égalerait jamais. Elle était l'amour de sa vie, la seule et l'unique femme pour qui il avait des sentiments - des sentiments forts, plus forts que tous ceux qu'il n'ait jamais connu. Alors ça ne pouvait pas se terminer ainsi. Et surtout, songea James, pas sur un mensonge.

Parce que c'était un mensonge que Marlene était actuellement en train de lui servir. Un beau mensonge, qu'il aurait pu déceler rien qu'en écoutant le ton de sa voix. Comme si cela avait quelque chose à voir avec Isaac. James avait été crédule, dans sa jeunesse, mais ne l'était plus depuis un certain temps, et surtout, il ne l'avait jamais été avec son ex petite-amie. Au fil des ans, il avait fini par savoir reconnaitre ses mensonges - et celui sur son prétendu amour pour Isaac en était un, et même un beau.

James connaissait Isaac, il l'avait déjà rencontré quelques fois, en compagnie de Marlene, lorsqu'ils se retrouvaient à dîner chez Grady et sa femme. Il était... idéal, disons, sous toutes les coutures. Mais il fallait être aveugle pour ne pas voir que leur relation était à mourir d'ennui - et qu'Isaac, notamment, était particulièrement ennuyant. Il parlait toujours d'un ton très mesuré, comme si aucune émotion ne traversait jamais ses traits. Seule la mention de son bateau à voile, qu'il sortait tous les dimanches, semblait l'animer un peu. Ce qui ne le rendait, aux yeux de James, que plus pathétique. Et Marlene... Marlene était loin, très loin d'être amoureuse d'Isaac, James pouvait le jurer. Car il l'avait vu amoureuse, lui. Il savait comment elle était, comment agissait, et ce n'était sûrement pas de cette manière. Même lorsqu'ils s'étaient vus pour la première fois, tous les trois, autour d'un dîner, les yeux de la jeune femme se posaient davantage sur James que sur son compagnon qui ne contentait d'hocher la tête en souriant avec une politesse horripilante.

"C'est faux. Je le sais, et tu le sais très bien aussi." lança James en croisant les bras. "Je te connais pas cœur, Marlene, et je peux te dire que tu n'aimes pas Isaac, même si tu essaies de t'en convaincre. Je sais comment tu es, quand tu es amoureuse, et tu es loin de te comporter comme ça avec lui." fit-il simplement. "Dis moi la vérité."

La vérité, à vrai dire, il aurait peut-être préféré ne pas la savoir, ne pas l'entendre. Il  ne la comprit pas immédiatement, dans tous les cas, et resta une nouvelle fois silencieux.

"Non..."

Non, Marlene ne pouvait pas être enceinte. Ce n'était pas concevable, dans l'esprit de James. Elle n'était pas avec lui, elle ne comptait pas faire sa vie avec lui, elle ne pouvait pas attendre un enfant. Toutes ses forces l'abandonnèrent brusquement, il posa ses coudes sur ses genoux, sa tête entre ses mains, le regard volontairement fixé sur le sol. De toute sa vie, il n'avait jamais eu autant mal. C'était une blessure profonde, violente, qui brûlait. Enceinte, enceinte, enceinte. Ce mot repassait en boucle dans son esprit, et perdait tout son sens. Marlene était enceinte comme dans "elle attendait un enfant." Comme dans "elle allait devenir mère." Comme dans "elle allait fonder une famille." Une famille sans lui. Jamais elle ne porterait son nom, jamais elle ne porterait ses enfants. Jamais. Il finit par relever les yeux, et son regard se posa sur le visage de Marlene.

Il lui fallu moins d'une minute pour comprendre.

Pour comprendre pourquoi elle agissait ainsi, pour comprendre pourquoi elle avait l'air si bouleversée, si fragile. Pour comprendre pourquoi elle avait insisté sur sa vie avec Isaac qui ne "méritait" pas ça. Pour comprendre Marlene, comme il l'avait toujours comprise, depuis huit ans. Son visage se décomposa doucement, et il la dévisagea avec l'air de celui qui comprenait enfin. Avec l'air de celui qui n'en souffrait pas moins.

"Marly..." commença-t-il en se levant et en s'approchant d'elle.

Il avait peur de comprendre. Il avait peur que sa crainte soit confirmée, et c'est avec une énorme boule à la gorge que James lança, d'une voix tremblante.

"Il n'est pas d'Isaac, ce bébé, n'est-ce pas ? Il est de moi ?"

Parce que c'était la seule solution qu'il voyait, la seule qu'il avait à la fois envie de croire et de repousser. La seule lui qui lui donnait envie de serrer Marlene dans ses bras, et de l'étriper. Il resta immobile, sa question planant dans l'air, le regard vrillé dans celui de Marlene.
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Marlene Barclay

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptySam 14 Fév - 0:10

Quand James rétorqua sans la moindre hésitation son amour pour Isaac était inexistant, Marlene fut l'espace d'un instant tentée de lui tenir tête. Lui affirmer que si, elle l'aimait, elle l'aimait profondément et pour qui se prenait-il pour prétendre le contraire ? Ils savaient s'opposer l'un à l'autre, s'emporter, se disputer. Elle aurait pu amener la conversation sur ce plan-là, elle aurait pu camper sur ses positions, se montrer exaspérante, pousser James à bout en tapant là où cela faisait mal, comme elle avait toujours su le faire. Ils se connaissaient par cœur, pour le meilleur et pour le pire, et savaient exactement comme se blesser. Cela aurait été si facile de s'énerver et de claquer la porte, mettant ainsi fin à leur relation comme toutes les autres fois. Mais ce n'était pas cela qu'elle voulait, elle ne voulait pas que ça se termine comme cela pour la dernière fois. Elle n'en n'avait même pas la force. Alors elle ne dit rien, se contentant de détourner le regard.

Elle ne le regarda pas plus lorsqu'elle lui annonça sa grossesse, ne rouvrant les yeux que lorsqu'il laissa échapper un "non" qui lui brisa un peu plus le cœur et lui arracha un sanglot. Elle croisa les bras sur sa poitrine et s'approcha de la fenêtre pour ne pas voir James, anéanti sur le canapé. Elle se força à regarder le paysage, l'étendue verte d'un parc, passant une main sur ses yeux tandis que ces derniers se floutaient sous les larmes. Des enfants jouaient sur l'herbe et cette vision lui fut brusquement insupportable sans qu'elle ne sache pourquoi. Elle se détourna de la fenêtre au moment où il relevait les yeux vers elle, leurs regards se croisant enfin. Au moment où il comprit, elle s'en rendit compte immédiatement et ce fut comme si une pierre lui tombait dans l'estomac. Incapable de prononcer le moindre mot, elle recula de quelques pas lorsqu'il se leva pour s'approcher d'elle, la respiration courte et un peu trop saccadée.

Lorsqu'il prononça les mots qu'elle avait tant redouté, elle secoua frénétiquement la tête tandis que les larmes dévalaient ses joues. Elle essaya d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, pour stopper ce qui était en train d'arriver inexorablement mais se retrouva comme muette, les larmes et les sanglots l'empêchant de parler. Elle porta ses mains à son visage pour essayer de se calmer un peu, s'efforça de respirer lentement, d'organiser ses pensées. Elle avait l'impression de perdre totalement le contrôle de la situation, de tomber dans un ravin sans fin, éprise d'un immense vertige. Les choses n'auraient pas dû se passer comme cela, ce n'était pas possible. Complètement perdue et surtout complètement terrifiée, Marlene releva les yeux vers James. C'était la bonne solution. La meilleure solution. Ce n'était pas pour elle, pas pour eux, pas contre lui qu'elle le faisait. C'était juste la meilleure solution.

- N-non, finit-elle par balbutier. Il n'est pas de toi.

Mensonge, mensonge, mensonge. Les larmes la reprirent tandis qu'elle secouait de nouveau la tête, adressant un regard presque suppliant à James, sans même savoir ce qu'elle attendait de lui.
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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptySam 14 Fév - 9:29

Un bébé. Marlene était enceinte, elle attendait un bébé. Un tout petit être, fragile, innocent. Les pensées de James étaient confuses, brouillonnes. Il était envahi d'une infinité de sentiments contradictoires, qui l'empêchaient de réfléchir correctement - de réfléchir tout court, à vrai dire. Il se passa une main sur le visage, et baissa les yeux  vers Marlene, qui secouait frénétiquement la tête, suite à sa question. Il l'observa sans comprendre durant un long moment, déconnecté de la réalité.

Ce fut sa voix qui le ramena sa voix. Sa voix, et son mensonge.

James s'éloigna brusquement de la jeune femme, fixant son regard sur un des murs de son salon, alors que toutes les pièces du puzzle se remettaient doucement ensemble dans sa tête. Marlene mentait. C'était flagrant. C'était encore plus flagrant pour lui, qui la connaissait tant. Elle mentait - et c'était probablement le plus gros, le plus grave mensonge qu'elle ne lui ait jamais servi. Ce bébé était de lui, et elle le savait, elle le savait pertinemment ! Elle était enceinte de lui, elle portait leur enfant, et lui mentait. Elle lui mentait pour l'élever avec Isaac. Elle mentait pour lui retirer, pour l'empêcher de devenir son père.

Cette révélation fut comme un coup, le plus douloureux qu'il n'ait jamais reçu. La déception qu'il ressentait à l'égard de Marlene se mêla à une colère immense, qui l'amena à serrer les poings, alors qu'il refusait toujours de la regarder. Ce qu'elle essayait de faire le mettait dans une rage intense, brûlante, bouillonnante. Et, malgré tout l'amour qu'il avait pour elle, à ce moment précis, il la haïssait. Elle le dégoûtait. Elle et ses mensonges, ses fausses larmes, sa fausse douleur. Parce que ce qu'elle était en train de faire était intolérable, et jamais James ne fut aussi désemparé de sa vie - jamais il ne s'était senti aussi trahi.

"Tu mens." lâcha-t-il finalement, sa voix grave s'élevant dans la pièce. "Tu es enceinte de moi." énonça-t-il avec un regard noir. "Arrête d'essayer de me mentir, tu sais très bien que ça ne fonctionnera pas."

Parce qu'ils se connaissaient depuis des années, qu'ils avaient été en couple plusieurs fois, et que James connaissait Marlene parfaitement. Elle ne s'en sortirait pas avec un mensonge - et sûrement pas cette fois.

"Tu es enceinte de moi, et tu me mens ?" poursuivit-il d'un ton froid, dans lequel on pouvait toutefois sentir la colère. "Tu me mens pour aller élever notre enfant avec l'autre ?" s'écria-t-il, en haussant la voix. "Comment oses-tu faire ça ?!"

Il passa une main dans ses cheveux, secoua la tête et vrilla de nouveau son regard dans celui de Marlene.

"Tu n'as pas le droit. Non, tu n'as même pas intérêt à faire ça, tu m'entends ? Pas intérêt. Tu ne peux pas m'empêcher d'élever mon enfant, Marlene !"

Sa respiration était devenue saccadée, au fur et à mesure que les minutes passaient. Quelques fois, James s'était imaginé que Marlene lui annonçait qu'elle était enceinte. Mais jamais il n'avait pensé qu'elle serait capable de faire une telle chose. C'était d'un égoïsme pur, et pire, emprunt d'hypocrisie.

"Comment tu peux me faire ça ? Comment tu peux lui faire ça ?" demanda-t-il, anéanti.
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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptySam 14 Fév - 18:30

Au moment où James s'éloigna brusquement d'elle, Marlene eut l'envie pressante de le rattraper, de le serrer dans ses bras et de faire comme si rien n'était jamais arrivé. Mais elle restait là, à fixer son dos, le cœur battant à toute allure. Les choses n'auraient pas dû se passer comme cela, elle n'avait jamais voulu que cela se passe comme cela. A vrai dire, elle n'avait pas imaginé le déroulement de la scène tout simplement parce que c'était terrifiant de l'imaginer, d'imaginer la réaction de James et c'était mille fois plus terrifiant d'y assister en vrai. Elle secoua de nouveau la tête lorsqu'il affirma qu'elle mentait, dans une tentative un peu désespérée de renverser la situation. Elle ne voulait pas voir le regard noir qu'il posait sur elle, elle ne voulait pas qu'il la regarde ainsi. Malheureusement, les choses ne passaient pas comme elle le voulait et elle devait maintenant composer avec la situation actuelle, situation qu'elle avait elle-même crée en faisant le choix de mentir à James. Elle sursauta lorsqu'il éleva la voix, reculant machinalement d'un pas. Elle était désemparée devant sa colère, incapable de soutenir son regard, baissant les yeux de honte et de culpabilité.

Lorsqu'ils se disputaient, c'était violent et empli de colère et de rancœur, certes, mais ce n'était jamais cette froide colère là, cette froide colère qui était plus effrayante que tous les mots fâchés qu'ils avaient pu échanger. Elle n'aurait jamais pensé, jamais, qu'elle se retrouverait - qu'ils se retrouveraient - un jour dans cette situation. Qu'elle serait celle qui mettrait fin à leur relation pour aller élever leur bébé avec un autre, en étant intimement persuadée que c'était la meilleure des solutions possibles. La dernière question de James lui porta un coup au cœur et elle s'approcha vivement de lui, faisant glisser ses mains de ses épaules à son torse. Elle chercha à croiser son regard, les jambes un peu tremblantes et les joues toujours humides de larmes.

- James, s'il te plaît, s'il te plaît, il faut que... E-essaye de comprendre, c'est...

Elle ferma les yeux l'espace d'un instant et finit par encadrer le visage de James dans ses mains, sachant pertinemment qu'elle tenait là dans sa dernière chance de lui faire entendre raison.

- C'est la meilleure solution, pour le bébé. Tu... On passe notre temps à se séparer, on a jamais su rester ensemble définitivement, ça finit toujours mal et, et...

Elle se mordit la lèvre, la respiration saccadée et avec la tête qui tournait tant la situation l'étouffait. C'était trop de sentiments violents à la fois, d'angoisse et de culpabilité, sans compter la douleur qui lui vrillait la poitrine.

- Et Isaac, il, il... James, tu sais que je t'aime, tu sais à quel point je t'aime mais... Mais on n'est pas fait pour élever un enfant tous les deux, et tu le sais.

Elle sentit les larmes la reprendre tandis qu'elle s'efforçait de rester debout, fixant James en priant de toutes ses forces pour qu'il comprenne et lui pardonne.

- Nous deux... On est pas faits pour être une famille, c'est... C'est la meilleure solution... S'il te plaît, pardonne-moi, s'il te plaît.
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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptySam 14 Fév - 22:44

James laissa Marlene s'approcher de lui, et tressaillit toutefois lorsqu'elle le toucha. Il ne voulait pas la voir, il ne voulait pas l'entendre non plus. Il voulait simplement fermer les yeux, et se convaincre que rien de tout ça ne s'était jamais passé, que cette situation n'était qu'un mauvais rêve, et qu'il allait se réveiller. Mais le contact des mains de la jeune femme contre ses joues le ramena brutalement à la réalité, et il ouvrit les yeux pour vriller son regard dans le sien, complètement désemparé.

Des mots, James et Marlene en avaient eu beaucoup. Ils s'étaient déchirés, lors de leurs ruptures, ils s'étaient détruits. Mais jamais ces mots ne lui avaient fait autant mal. C'était comme un coup au cœur, comme un coup au ventre, qui lui bloquait la respiration. "On n'aurait jamais su rester ensemble." C'était trop, beaucoup trop pour lui. Il ne pouvait pas supporter ça, il ne pouvait pas concevoir que Marlene tire ainsi un trait sur leur futur, alors qu'il avait toujours été intimement persuadé qu'ils finiraient un jour par se marier et fonder une famille. C'était ainsi qu'il voyait son avenir - c'était ainsi qu'il l'avait toujours vu, depuis sa septième année.

James avait l'impression de se noyer, tant la situation lui échappait. Marlene ne pouvait pas lui faire ça, elle n'avait pas le droit de lui faire ça ! Comment pouvait-elle savoir qu'ils n'étaient pas capable d'élever un enfant ensemble ? Comment pouvait-elle avoir aussi peu confiance en lui, confiance en eux ? Évidemment que tout n'était pas toujours rose entre eux, et oui, il y avait eu des disputes, des cris, des pleurs. Mais l'amour que James portait à Marlene lui paraissait si fort, si intense, qu'il était prêt à tout faire, tout changer pour elle.

Sa dernière phrase l'acheva, et il recula d'un pas, assommé par ces mots destructeurs. "On n'est pas faits pour être une famille." C'était comme si quelque chose en lui se brisait, comme si tout ce qu'il connaissait s'écroulait brusquement, sans prévenir. Les larmes lui montèrent aux yeux, et finirent par couler sur ses joues. Il resta immobile, le souffle coupé, incapable de réagir, et même de parler. Il était bien conscient qu'il y avait une fin aux relations, et que l'amour ne durait pas toute la vie. Mais pas le leur. Jamais James n'avait ressenti quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un, et jamais il n'avait été aussi persuadé que Marlene était la personne la plus important de sa vie.

"Tu ne peux pas faire ça, Marlene." lança-t-il. "Tu ne peux pas, ça... Ça me dégoûte." fit-il en secoua la tête, essuyant rageusement ses joues humides. "Ça me dégoûte parce que tu sais à quel point je t'aime tu sais à quel point je suis fou de toi. Tu sais à quel point je serais prêt à faire n'importe quoi pour toi, pour cet enfant. N'importe quoi.. Et toi... Toi, tu décides que je ne peux pas élever cet enfant ? Que ce n'est même pas la peine de nous donner une chance ?"

C'était aberrant. Et c'était extrêmement douloureux.

"Qu'est-ce que tu veux donner à cet enfant, au juste ? Des parents qui ne s'aiment pas, ne se regardent pas, et vivent ensemble dans la plus grande indifférence ? Un foyer sans amour ? C'est ça que tu veux ?" demanda-t-il en haussant le ton. "On s'aime, Marlene. Je t'aime plus que ma propre vie, et... On fera en sorte que ça fonctionne ! On est plus âgés, on a grandi, et j'ai... J'ai toujours eu envie de fonder une famille avec toi. Marlene... Tu ne peux m'enlever cet enfant." fit-il en secouant la tête.

Il laissa un moment de silence, puis reprit :

"Reste avec moi, s'il-te-plait."

Parce qu'il ne pouvait pas la laisser partir comme ça, ce n'était pas possible, ce n'était pas concevable. Elle était trop importante - leur relation était trop importante, trop belle, pour se finir ainsi.
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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyDim 15 Fév - 0:11

Les larmes de James furent le coup de couteau qui acheva Marlene. Elle sentit le sol se dérober sous ses pieds et dû tendre la main pour s'appuyer contre le mur afin de conserver l'équilibre, le sang battant à ses tempes et animée d'un immense vertige. Jamais elle ne l'avait vu pleurer, jamais. Ils s'aimaient depuis des années, se connaissaient depuis plus longtemps encore et elle ne l'avait jamais vu pleurer. Ils avaient traversé des choses tous les deux, des choses difficiles, ensemble et l'un contre l'autre aussi lors de leurs ruptures mais jamais, jamais James n'avait pleuré. Elle se reposait aveuglément sur lui depuis des années, il était le pilier de sa vie, la personne la plus solide qu'elle connaisse. C'était toujours lui qui était là pour elle, qui la soutenait, la rassurait, la consolait. C'était elle qui comptait sur lui, parfois de manière désespérée lorsque ça n'allait pas. James, lui, paraissait inébranlable.

- James, mon amour... souffla-t-elle.

C'était un cauchemar, un vrai cauchemar et elle voulait se réveiller et que tout ceci ne soit jamais arrivé. Pourquoi avait-elle fait ça ? Plus les minutes passaient, plus elle faisait face à James et moins l'idée lui semblait judicieuse. Elle ne voulait pas d'Isaac, elle voulait James, elle voulait se blottir dans ses bras et tout oublier. La culpabilité lui étreignait le cœur et la gorge, l'empêchant de parler, la réduisant juste aux sanglots qu'elle ne pouvait contenir, incapable d'affronter le regard de James, incapable de réaliser que c'était elle qui l'avait mis dans cet état. Elle qui l'avait fait pleurer. Elle qui lui faisait du mal. Elle n'avait jamais voulu que les choses se passent comme cela, elle n'avait jamais voulu le blesser. Et ils étaient là, face à face, tous les deux plus bas que terre parce qu'ils s'étaient réciproquement mis dans cet état, même si tout était de sa faute. C'était ça qui l'effrayait, ça qui la terrifiait au plus haut point depuis leur toute première rupture. A quel point ils pouvaient se faire du mal. A quel point ils pouvaient réciproquement se déchirer. Un sanglot plus bruyant que les autres lui échappa lorsque James répéta qu'elle ne pouvait pas faire ça et elle plaqua sa main devant sa bouche pour essayer de se calmer, essayer d'arrêter de pleurer. Mais elle en était incapable et les larmes coulaient dans un flot continu tandis que la même douleur vrillait son corps et son esprit alors que l'image de James en train de pleurer lui hantait l'esprit. Elle le vit essuyer rageusement ses joues et elle inspira profondément, tant elle sentait qu'elle était au bord de l'hyperventilation.

Ce qu'elle voulait donner à cet enfant ? Elle ne savait plus. Elle avait été certaine de prendre la bonne décision mais face à James, face à ses mots, elle n'était plus sûre de rien. Elle avait pensé que c'était une bonne idée parce qu'elle avait peur. Elle était terrifiée par la relation qu'ils avaient, parce que c'était trop fort, trop passionnel, trop, trop. Quand elle était jeune, c'était à ce à quoi elle aspirait, le grand amour. C'est ce qu'on voyait dans les livres et c'est ce qu'ils avaient, un amour qui défiait tout le reste et tout le monde. Mais ce que les livres ne précisaient pas, c'était la douleur, l'angoisse, les déchirements, les cris, les larmes, la brusquerie qui remplaçaient parfois la tendresse, la complicité et la sensation que rien ne pouvait leur arriver tant qu'ils étaient ensemble. Les deux faces d'une même pièce mais depuis quelques années, ils peinaient à retrouver ce qu'ils avaient eu auparavant, la perfection de leur première histoire. Marlene avait l'impression qu'ils étaient un peu brisés dans le fond, qu'ils s'étaient un peu brisé. Elle avait peur, tout simplement. Depuis la toute première fois elle avait peur. Elle avait toujours été peureuse, toujours un peu lâche et si les choses s'étaient améliorées un peu avec le temps, dans le fond, elle restait terrifiée.

Elle voulait croire aux promesses de James, elle voulait y croire de toutes ses forces, de toute son âme, de tout son cœur. Il lui avait dit, une fois, qu'il voulait faire sa vie avec elle. Se marier, avoir des enfants. C'était il y a des années et elle avait parfois l'impression que c'était dans une autre vie, où les choses étaient plus simples, une époque où ils n'étaient pas passés par toutes les difficultés où ils étaient passés. Elle le voulait aussi à l'époque, c'était même une évidence d'ailleurs. C'était James. L'homme de sa vie, l'amour de sa vie, son premier et dernier amour. Puis ils avaient rompu, avaient connu d'autres personnes, d'autres histoires et c'est comme si ces jolies promesses avaient été un peu éclaboussées. Marlene avait rangé tout cela dans un coin de son cœur et s'était promis qu'elle se protégerait un peu plus, parce qu'elle avait cru ne jamais se remettre et ne jamais se relever de leur première rupture. L'avait-elle jamais fait d'ailleurs ? Elle avait véritablement ressorti la tête de l'eau le jour où James et elle s'étaient retrouvés. C'était là qu'elle était allée mieux. Mais peut-être que les choses n'avaient jamais jamais vraiment guéries. Peut-être que c'était pour cela qu'elle se retrouvait ainsi face à lui, terrifiée à l'idée de tout recommencer. C'était peut-être pour cela qu'elle s'accrochait à Isaac, dernier rempart d'une certaine zone de sureté.

La sécurité, cet argument qu'elle mettait en avant pour le bébé, n'était peut-être finalement pas tant pour lui que pour elle... Mais à quoi bon avoir cette sécurité si c'était pour ne jamais vraiment vivre, finalement ? Comment pouvait-elle sortir de cette pièce en mettant derrière elle James alors qu'elle n'avait jamais vraiment réussi, dans le fond ? Elle avait pensé que cela serait difficile. Elle n'avait tout simplement pas réalisé que cela serait impossible. Elle avait besoin de lui. Un besoin violent, impérieux, pressant. Elle avait besoin de lui, elle n'y arrivait pas sans lui, elle n'avait jamais vraiment vécu sans lui depuis huit ans et si elle peinait tant à tourner la page, c'était tout simplement parce qu'il n'y avait pas de page à tourner. Elle n'allait pas y arriver sans James. Et même si c'était absolument terrifiant, même si elle mourrait de peur, se retrouver seule sans lui était encore plus terrifiant. Elle voulait être avec lui et même si elle avait enfoui tout cela au fond d'elle depuis des années parce que c'était trop énorme pour elle, elle ne voulait plus le faire maintenant.

Et tant pis pour le reste, tant pis pour Isaac, tant pis pour tout. Elle ne voulait pas se sentir en sécurité si c'était pour pleurer tous les soirs en se rappelant que James ne viendrait pas se coucher à côté d'elle, comme elle l'avait fait pendant de longs mois après leurs ruptures. Tant pis pour toutes les bêtises qu'elle s'était forcée à penser indispensables afin de ne pas affronter la vérité en face, à savoir qu'elle était trop peureuse pour assumer tout ce qu'elle pouvait ressentir pour lui. Tant pis pour la maison en banlieue, le bateau et le chien, tout ce qu'elle voulait c'était que James la pardonne et qu'elle puisse se blottir contre lui et qu'ils soient tous les deux, peu importe ce qui arriverait. Ils allaient être ensemble, s'aimer très fort et retrouver ce qu'ils avaient avant, ils allaient éloigner d'eux tout ce qui avait pu leur faire du mal et tirer un trait sur toutes les mauvaises choses du passé pour ne garder que les bonnes. Ils allaient avoir un bébé ensemble et s'aimer très fort, encore et encore.

Abandonnant toute mesure, elle se jeta dans les bras de James, glissant ses bras autour de son cou pour l'attirer contre elle afin de l'embrasser. Elle l'embrassa jusqu'à en perdre le souffle mais ce fut paradoxalement comme une bouffée d'oxygène qui l'apaisa au plus haut point, calma les battements frénétiques de son cœur et les soulèvements saccadés de sa poitrine. Elle l'embrassa encore et encore, essuyant les dernières larmes sur ses joues à lui, déposant des baisers dans son cou quand elle y enfouit le visage afin de l'étreindre.

- Je suis désolée, murmura-t-elle, pardonne-moi, je suis désolée, je t'aime, je suis désolée, je t'aime, chuchota-t-elle dans une litanie presque sans fin. 

Elle l'embrassa encore, encore et encore, finissant enfin par vriller son regard dans le sien, ses mains sur son torse.

- Je ne pars pas, je reste. On va avoir un bébé ensemble et-et on y arrivera et ça ira parce qu'on sera tous les deux et... Je suis désolée, pardonne-moi, j'ai eu peur, je suis désolée. Je t'aime, c'est juré, je t'aime plus que tout.
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James Carter

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyDim 15 Fév - 23:15

Voilà bien vingt ans que James n'avait pas pleuré. Dans sa famille, c'était bien simple, les hommes ne pleuraient pas, et son père le lui avait bien fait comprendre. Oh, Henry Carter était loin d'être méchant, mais il avait des idées bien arrêtées sur la société, et il refusait de voir les choses autrement. La naissance de son fils l'avait extrêmement réjoui, bien plus que celle d'Eleanor, quelques années auparavant. Oh, évidemment qu'il la chérissait, sa petite fille. Mais un fils - son fils ! - ce n'était pas pareil. Eux, ils étaient des hommes, et par conséquent, il fallait laisser les pleurs aux femmes, lui avait-il dont expliqué. James, encore bien jeune à ce moment là, avait gentiment hoché la tête, et avait suivi ce conseil depuis.

Jusqu'à aujourd'hui. Les larmes étaient venues naturellement, et il n'avait rien pu faire pour les empêcher de couler. Il s'en voulait un peu, à présent, se sentait honteux, et il tourna la tête pour éviter de regarder Marlene, après l'avoir supplié de rester auprès de lui. C'était sa dernière tentative, la dernière chance qu'ils avaient, et il le savait pertinemment. Si Marlene sortait, si elle quittait l'appartement... Alors elle signait la fin de tout. Leur relation, leur complicité, leur confiance réciproque, leur futur. Pour autant, James ne s'y voyait pas y renoncer. Mais ils étaient deux à prendre cette décision, et cette pensée emplissait le jeune homme de terreur - si elle partait, que ferait-il ? Que serait-il ?

Il ne serait rien, songea-t-il avec amertume. Marlene avait toujours donné un sens à sa vie, à son existence. Elle était la femme de sa vie, sa raison de se lever le matin, de rentrer sain et sauf le soir. Elle avait toujours été présente, à ses côtés, lorsque quelque chose n'allait pas, comme il l'avait été pour elle. Elle était son pilier, et il l'avait toujours choisie - il la choisirait toujours. Il ne serait rien, sans elle. Et, parallèlement, que ferait-il ? Pas grand chose non plus, en définitive. Sa vie serait d'une monotonie totale, que même son travail ne parviendrait pas à égayer. Il n'arriverait à rien, sans Marlene. Il ne pouvait pas, sans elle. Et c'était maintenant, alors que la menace de la perdre était plus forte que jamais, qu'il s'en rendait réellement compte.

Il était plongé dans ses pensées lorsque la jeune femme finit par se jeter dans ses bras pour l'embrasser. D'abord surpris, il finit par entourer sa taille, et répondit au baiser avec la même ferveur, tandis que son malaise se dissipait peu à peu. Ce baiser l'aidait étrangement à mettre ses idées au clair, comme s'il sortait enfin la tête de l'eau. Il rapprocha Marlene de lui, laissant ses mains s'égarer dans son dos, trop heureux de ce contact, presque rassuré quant à sa signification. James embrassa le crâne de la jeune femme lorsqu'elle se blottit contre lui, et, apaisé, il lui caressa doucement les cheveux.

Sa déclaration, ses mots, furent comme un baume pour le cœur du jeune homme, et son rythme cardiaque retrouva enfin une cadence presque normale. Elle l'aimait. Elle l'aimait, et ils allaient avoir ce bébé ensemble, se répéta James, comme une litanie. Il se demanda un instant s'il allait être capable de lui pardonner ce mensonge, de lui pardonner ce qu'elle avait essayé de faire. Et s'il ne s'était rendu compte de rien ? Et si elle était partie avec Isaac quand même ? Il chassa toutefois bien vite ces pensées de son esprit, et se sermonna intérieurement. Oui, il allait lui pardonner - parce qu'il en était capable, il en était certain, et puis parce qu'il le voulait, il le voulait plus que tout.

"Je t'aime, je t'aime, je t'aime." chuchota-t-il en réponse. "Et je te pardonne." ou du moins, il allait y travailler.

Il attira Marlene contre lui, rasséréné. Il s'éloigna d'un petit pas pour l'observer plus attentivement, et lui déposa un baiser sur le front.

"Ne me refait plus jamais un coup comme celui-là..." lança-t-il. "J'ai vraiment cru que j'allais te perdre. Que j'allais vous perdre."

Et c'était probablement la chose la plus effrayante à laquelle il avait dû faire face.

"Tu sais, Marly..." commença-t-il, un peu hésitant. Il y avait bien longtemps qu'ils n'avaient pas eu des mots d'amour l'un pour l'autre. Tant pis, c'était le moment. "Quand je te dis que je t'aime, je ne plaisante pas. Je t'aime comme un fou, tu es la femme de ma vie, Marlene. J'ai toujours voulu fonder une famille avec toi, et, à vrai dire, je ne me suis jamais projeté avec quiconque d'autre que toi." avoua-t-il avec un léger rire. "Et quand je te dis que je suis prêt à tout... C'est réel, comme promesse. Je peux quitter mon travail, si tu me le demandes, quitter mon appartement, pour une maison en banlieue avec un grand jardin, et un chien." lança le jeune homme, avec un sourire. "Bon, je ne suis pas certain d'avoir envie d'apprendre à faire du bateau, mais..."

Mais le principal était dit : il voulait bien tout faire pour que les choses fonctionnent entre Marlene et lui. Et ces sacrifices, il savait d'avance qu'il ne les ferait pas à contrecœur, bien au contraire. Marlene - et le futur bébé - était sa famille, son monde, sa vie.

Les choses retombaient doucement, ainsi que la tension qui régnait dans la pièce. James souffla longuement, et posa son front contre celui de Marlene, en souriant avec une certaine timidité.

"Alors comme ça, je vais être papa..." murmura-t-il en faisant glisser ses mains sur le ventre de la jeune femme, émerveillé.
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Marlene Barclay

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyMar 17 Fév - 21:59

Les bras de James autour de sa taille, ses mains dans son dos, sa chaleur contre la sienne, ses baisers, son souffle sur sa peau, son odeur familière... Tous ces éléments apaisaient Marlene qui se blottissait contre lui, enfouissant son visage dans son cou tandis qu'il caressait ses cheveux. Quand il affirma qu'il lui pardonnait, elle laissa échapper un soupir soulagé et l'embrassa de nouveau, même si elle savait que cela laisserait forcément des marques. Elle allait devoir regagner en partie la confiance de James et elle le savait pertinemment et surtout, elle le comprenait. Maintenant que la tension retombait et que ses idées s’éclaircissaient en raison de la présence de ce dernier, elle avait une vision plus claire de ce qu'elle avait vraiment failli faire. Elle n'avait jamais pensé à ce que cela pourrait faire ressentir à James - pas par égoïsme - parce que tout simplement, elle n'avait pas imaginé qu'il puisse le savoir. Elle avait vraiment cherché à le protéger en lui cachant cela... Mais dans le fond, ce n'était pas plus mal qu'il l'ait découvert. Au contraire, c'était bien.

- Je suis désolée, murmura-t-elle de nouveau, je ne voulais pas te faire de mal, je te le jure.

Elle avait sincèrement pensé que c'était la meilleure solution pour eux deux et pour le bébé. Pour tout le monde. Sauf peut-être pour Isaac, certes. Mais cela faisait longtemps que la situation n'était plus bonne pour lui, depuis que Marlene le trompait plus que régulièrement avec son ancien petit-ami. Elle se sentait coupable vis-à-vis de lui pourtant et elle avait une vraie affection pour lui, elle avait essayé de toutes ses forces de tomber amoureuse de lui mais... Ce n'était malheureusement pas quelque chose qui se choisissait. Elle allait devoir rompre avec lui, réalisa-t-elle. Elle n'avait pas envie de lui faire de peine et honnêtement... Elle n'avait pas très envie de devoir lui annoncer pourquoi elle le quittait. Elle aurait pu lui dire qu'elle n'était pas amoureuse - c'était vrai - et qu'il méritait de trouver quelqu'un qui l'aimerait - c'était vrai aussi - mais sa grossesse allait forcément finir par se voir à sainte-Mangouste, où il travaillaient tous les deux et comme elle était tombée enceinte alors qu'ils étaient encore ensemble... Non, elle allait devoir tout lui dire. Assumer la tromperie, les mensonges, la faute, la culpabilité. C'était effrayant et surtout, elle avait honte, mais elle devait assumer ses choix.

C'était quelque chose qu'elle avait longtemps eu du mal à faire, quelque chose qui lui faisait encore défaut parfois, comme elle avait failli le faire avec James. Marlene n'aimait pas affronter les difficultés, elle préférait fuir. Mais elle avait changé depuis Poudlard, sur certains points, elle avait pris confiance en elle, avait appris à s'ouvrir aux autres, à ne plus juger aussi rapidement. Elle avait appris à se laisser un peu aller, à profiter des choses de la vie comme elle l'entendait, à profiter de sa liberté et des opportunités qui s'offraient à elle. Marlene avait grandi, changé, mûri, et, elle l'espérait du moins, plutôt en bien. Elle était devenue une femme adulte plus confiante, plus assurée, plus détendue, en un mot, plus heureuse. Mais certains vieux démons couvaient encore, certains vieux défauts qu'elle avait tenté de combattre restaient tapis dans l'ombre et ressurgissaient parfois dans les périodes de doutes et les périodes difficiles, comme celle-ci d'ailleurs. Mais contrairement à l'adolescente qu'elle avait été, Marlene savait qu'elle n'allait pas pouvoir fuir éternellement et ne comptait de toute manière pas le faire : c'était ça, grandir dans le fond. Affronter ses peurs, que ce soit face à Isaac ou... Face à James, qui méritait de savoir exactement ce qui lui était passé par la tête.

Elle s'apprêtait d'ailleurs à prendre la parole à ce sujet - même si c'était angoissant de révéler ses pires peurs et névroses à James - quand ce dernier commença à parler d'une voix hésitante, réaffirmant qu'il l'aimait plus que tout. C'était des choses qu'elle rêvait d'entendre depuis des années, des choses certes déjà murmurées ou sous-entendues des années auparavant. Des choses qu'elle pouvait soupçonner dans un sens mais... Les entendre était tout à fait différent et apaisait Marlene plus qu'elle ne l'aurait pensé. C'était rassurant et à cet instant précis, elle avait énormément besoin d'être rassurée. Leurs ruptures, disputes et écorchures avaient fragilisé la confiance qu'elle pouvait placer dans leur couple et leur relation et il lui faudrait sûrement du temps - tout comme il faudrait du temps à James pour vraiment la pardonner - pour retrouver son assurance d'avant. Ils allaient devoir panser leurs plaies et sûrement mettre des choses à plat pour pouvoir tout rebâtir sur des bases plus saines. De longues discussions les attendaient... Mais ils y arriveraient et seraient heureux tous les deux, il suffisait juste de le vouloir. Ils s'aimaient et c'était la condition la plus importante, celle qui avait toujours été remplie. Il fallait que Marlene confronte ses peurs mais... Elle y arriverait, avec James. Elle eut un rire lorsqu'il parla du bateau et elle glissa ses bras autour de son cou, l'embrassant longuement, un peu trop intensément pour un couple qui se déchirait quelques minutes auparavant.

- Si tu veux bien t'installer en banlieue et participer au concours de la pelouse la plus verte avec les voisins... C'est que tu m'aimes vraiment très fort, en effet, souffla-t-elle en souriant doucement, tout contre ses lèvres.  

Elle l'observa faire glisser ses mains sur son ventre avec un rire mi-heureux mi-incrédule et elle hocha la tête, posant l'une de ses mains sur une épaule de James, effleurant du pouce la naissance de son cou.

- Oui, répondit-elle avec tendresse. Je suis enceinte de six semaines et demi, c'est prévu pour mai. C'est arrivé pendant le séminaire d'Isaac en Russie, ajouta-t-elle avec une grimace qui exprimait son malaise.

Mais c'était bien ce qui lui permettait d'être certaine de la paternité de cette grossesse. Glissant sa main dans celle de James, elle s'assit sur le canapé en l'attirant à coté d'elle, reprenant leurs positions initiales. Sans retirer sa main de la sienne, elle plongea ses yeux dans les siens.

- James... Tu comprends pourquoi j'ai essayé de faire ça ou pas du tout ? Je... Je ne veux pas que tu penses que je l'ai fais pour de mauvaises raisons, parce que je ne pensais pas que tu ferais un bon père ou parce que je ne t'aimais pas assez.
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James Carter

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptySam 28 Fév - 20:33

James avait cette étrange impression d'avoir reçu un sortilège en pleine poitrine. C'était comme s'il avait vécu le moment le plus douloureux de toute sa vie, comme si le sortilège l'avait propulsé contre un mur, et qu'il s'était écroulé sur le sol. A présent, tout résidait dans la capacité qu'il avait à se relever. A se relever et à pardonner Marlene. Il en avait envie - il mourrait d'envie de fermer les yeux, d'oublier la scène, et de la serrer dans ses bras. Il voulait passer la nuit avec elle à parler de l'avenir, de leur futur commun. Mais une partie de lui-même savait que cela n'était pas possible, qu'il ne pouvait pas prétendre que rien de tout ça n'était arrivé. Affronter maintenant, ensemble, au cours d'une longue conversation d'adulte, tous leurs maux, c'était ce qui lui semblait être le plus responsable, le plus raisonnable, pour l'instant.

Prenant place à côté de Marlene, James l'écouta, tout en demeurant muet. Plus Marlene parlait, plus il avait l'impression de saisir pourquoi elle avait voulu lui infliger une telle chose. Elle avait peur. Mais pas peur pour leur enfant, peur pour elle. Peur pour la stabilité à laquelle elle aspirait, peur de voir ses rêves de famille parfaite s'envoler. James était bien conscient que tout n'avait pas toujours été tout rose, entre eux deux. Ils avaient connu des disputes violentes, ils avaient eu des mots blessants, l'un envers l'autre. Ils avaient eu du mal à se mettre d'accord sur des choses insignifiantes, et encore aujourd'hui, ils parvenaient à se chamailler pour des broutilles. Il y avait d'un côté leur relation tumultueuse, et de l'autre sa position délicate au sein de son travail.

Et il comprenait cette peur, réellement. Mais il était surpris - et un peu blessé - d'être le seul des deux qui avait été capable de voir au-delà de ça. Au-delà de leur dispute, au-delà de leurs mots durs. Il y avait, entre eux, un amour intense, une tendresse infinie dans leurs gestes, une complicité véritable dans leurs regards. James n'avait jamais retrouvé ça avec quiconque. Il avait pourtant connu d'autres filles, toutes aussi charmantes les unes que les autres. Mais il n'y avait jamais rien, entre eux. C'était comme si toute sa vie amoureuse ne pouvait exister en dehors de Marlene.

Et c'était aujourd'hui qu'il s'en rendait vraiment compte. C'était aujourd'hui, alors qu'il n'avait jamais été aussi proche de la perdre - qu'il prenait conscience de ce qu'elle représentait pour lui. Il l'aimait, oui, mais c'était encore plus cela. Il avait été la seule à qui il avait accordé toute sa confiance. Il aurait pu lui mettre sa vie entre les mains, sans sourciller, et sans hésiter une seule seconde. Il ne savait pas d'où lui venait une telle certitude, une telle confiance. Et c'était la scène de tout à l'heure qui lui avait fait prendre conscience de ça. C'était ironique, songea-t-il avec un sourire en coin, de s'en rendre compte au moment où elle se fissurait.

"Tu l'as fait parce que tu as peur, non ?" finit-il par lancer, avec un long moment de silence. "Tu ne l'as pas fait pour le bébé, ou pour moi. Tu l'as fait parce que tu as peur de nous. Et parce que tu as peur d'abandonner la petite vie tranquille que pouvait t'offrir Isaac." lâcha James, la voix un peu enrouée, un peu brisée. "Parce que tu préférais être malheureuse toute ton existence plutôt que de bousculer tes plans de vie, et de nous laisser une chance."

La vérité était plus dure à dire qu'il ne le pensait, mais cela le soulageait aussi étrangement, de mettre des mots sur ses pensées.

"Tu serais partie, Marlene. Si je ne te connaissais pas aussi bien, si je n'avais pas compris que tu me mentais, tu serais partie élever notre enfant avec Isaac." déclara James. "Tu l'aurais vraiment fait ? Tu m'aurais vraiment tenu à l'écart, pour le restant de ta vie ?" interrogea-t-il finalement en fronçant les sourcils.
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Marlene Barclay

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MessageSujet: Re: Beautiful disaster   Beautiful disaster EmptyDim 1 Mar - 18:39

Marlene hocha la tête un peu piteusement lorsque James lança après un long silence qu'elle l'avait fait parce qu'elle avait peur. Ce n'était pas très glorieux à reconnaître et pourtant c'était le cas. Marlene était terrifiée, elle était tout le temps terrifiée et ce depuis des années. Elle avait l'impression d'avancer sans cesse au bord du vide et tout contrôler la rassurait. Avec Isaac, elle pouvait tout contrôler tout simplement parce qu'il n'y avait pas de surprise et qu'elle pouvait tout voir venir, tout prévoir, tout planifier. Mais James la faisait sortir de ses gonds, la poussait dans ses retranchements et tout était toujours si incontrôlable entre eux, si puissant, si intense et surtout si dévastateur. Alors oui, elle avait peur de tout cela, elle avait peur d'eux et ce depuis des années. Elle mettait des barrières entre eux - Isaac en était une - pour essayer de maintenir les choses mais tout ce qu'elle ressentait par James finissait toujours par tout balayer comme la mer balayait les digues.

De nouveaux larmes coulèrent sur ses joues lorsqu'il affirma d'une voix brisée qu'elle préférait rester malheureuse plutôt que de leur donner une chance et elle baissa les yeux sur ses mains crispées. Oui, Marlene préférait être malheureuse plutôt que de se lancer de nouveau à cœur perdu dans une entreprise aussi impressionnante que celle de son amour pour James. Parce que le fait d'être loin de lui n'était presque rien par rapport à la douleur de le perdre une nouvelle fois lorsqu'ils se quittaient de manière déchirante. Elle n'y survivrait pas cette fois-ci, elle ne pourrait pas et elle le savait. Elle n'en n'aurait plus la force, d'affronter de nouveau une rupture, d'être de nouveau seule sans lui et... Et elle s'était dit qu'elle ne pouvait pas prendre ce risque, si elle était maman. Elle ne pouvait pas replonger dans des abimes de malheur qui se rapprochaient bien trop de la dépression, elle ne pouvait pas faire ça à son bébé.

Elle n'était pas fière de tout cela, elle n'était pas fière des vérités qu'énonçait James et pourtant, c'était ça la situation. Elle ne sait pas si elle aurait tenu la résolution sur le long terme parce qu'elle ne pouvait jamais rien prévoir avec James mais c'est ce qu'elle avait essayé de faire cet après-midi, il ne servait à rien de le nier. Les yeux toujours baissés, elle essuya ses joues humides et prit une respiration, hochant légèrement la tête avant de redresser le regard vers James.

- J'aurai essayé, je crois, souffla-t-elle honnêtement.

Elle mit quelques secondes avant de pouvoir reprendre la parole et finit par hausser les épaules, cherchant ses mots.

- Je... Je t'aime James, vraiment. Plus que tout au monde. Mais... Peut-être un peu trop, justement.

Elle attrapa ses mains dans les siennes, se rapprochant sans même y penser, le souffle un peu court et les yeux encore humides.

- La première fois qu'on a rompu, je... J'ai cru que je m'en remettrais jamais, c'était... Je te jure, j'ai cru que ça allait me tuer, je pouvais... Je restais enfermée toute la journée et au bout d'un moment, j'avais tellement mal que je n'arrivais même plus à pleurer. Et après c'est allé mieux mais c'est quand on s'est remis ensemble et... Je crois que dans le fond, en fait, c'est jamais allé mieux.

Elle eut un sourire un peu amer et caressa la paume de James de ses deux pouces.

- C'est comme si... Ca avait un peu brisé quelque chose, entre nous. Et on est repartis dessus et on a juste colmaté, on a pas vraiment réparé, tu vois ?

Elle trainait ses angoisses depuis des années et tout cela avait atteint son apogée quand un autre paramètre étant rentré en compte. James et Marlene pouvaient faire du mal autour d'eux mais la seule personne qu'elle refusait de blesser, c'était leur bébé à venir.

- Ca me terrifie, tout ça, James. Et... Et j'arrive pas à faire autrement. C'est comme... C'est comme si à chaque bon moment, j'avais cette horrible voix qui me disait que ça pouvait finir et qui me rappelle à quel point c'est douloureux. Et j'ai cru pendant des années que le jeu en valait la chandelle, j'y crois encore, je veux y croire mais... J'y survivrai pas de nouveau si on se quitte, moi.

Elle ravala un sanglot.

- J'y arriverai pas cette fois-ci.
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